
Barguil: "J’ai failli mourir"
Warren, quand pensez-vous pouvoir remonter sur un vélo ?
Quand on me pose cette question, au premier abord je dis : « j’ai failli mourir ». Cet accident me blesse un peu. Avant tout, je suis un compétiteur, je pense à remonter au plus vite sur mon vélo. C’est ça aussi qui va me permettre d’oublier cet accident. Ca faisait un mois que j’en parlais beaucoup avec ma famille et ma compagne. Je leur disais quand j’avais peur de me faire percuter par une voiture et malheureusement, c’est arrivé. Dernièrement, je le ressentais un peu plus, ça devenait de plus en plus dangereux. Après, on ne peut pas faire autrement, on n’a pas de stade pour s’entraîner. Nous, c’est la route et il faut faire avec.
De quoi vous souvenez-vous ?
La personne avait un volant à droite sur sa voiture. La voiture est toute abimée à gauche. Quand j’ai vu l’état de la voiture, pour moi, c’est miraculeux qu’on soit tous là encore, avec au final, des blessures. Ce n’est pas des blessures qui peuvent imputer à la vie, personne n’a perdu un bras, une jambe... On est vraiment des miraculés, c’est hallucinant.
Quels ont été les différentes réactions pendant et après l’accident de vos coéquipiers de l’équipe Giant ?
C’était assez choquant. On est resté assez longtemps par terre. On vérifiait si tout le monde allait bien, on communiquait entre nous. Un seul a réussi à éviter la voiture, c’est lui qui a appelé les secours. Il a pris une manchette pour faire un garrot à un des coureurs. Ce n’était pas facile, c’était vraiment le chaos. Vivre ça, c’est très choquant. Les deux, trois premiers jours après l’accident, on rigolait, on dédramatisait car on est passé tout près du drame. Je me disais : il faut positiver. Mais depuis hier, je commence à me rendre compte qu’on aurait tous pu y passer. Quand j’y pense, ça fait froid dans le dos…
Cet accroc arrive au mauvais moment pour vous. Allez-vous revoir vos objectifs ?
J’étais sur de très bonnes bases et j’avais retrouvé ce niveau que j’avais eu par exemple en 2014. C’était vraiment des bonnes sensations que j’avais sur le vélo. Là, je vais avoir un petit retard de 15 jours sur le vélo, ce n’est pas énorme avec le bon hiver que j’ai eu. Mes objectifs ? Les classiques : le Tour, les Jeux et la Vuelta, pour moi, ça n’a aucun impact sur mes objectifs. C’est une blessure qui va me mettre un peu de retard mais pas dans mes objectifs donc ce n’est pas un problème.
Suite à cette collision, vous allez devoir être opéré du poignet…
Les plaies, la fracture, c’est superficiel. J’aurais pu être dans un cercueil samedi donc pour moi les plaies, c’est quasiment rien. C’est qu’un mois, c’est vraiment rapide. J’ai 12 points de suture, j’avais peur que ma jambe soit cassée car c’était sacrément ouvert. Je suis chanceux aussi dans l’accident. Je pense qu’on a tous été chanceux dans l’accident.
Un dernier mot sur les automobilistes qui côtoient des cyclistes au quotidien sur les routes ?
Leur voiture, c’est une arme. Nous, on n’a pas de carrosserie, on passe sous les roues, on peut mourir…