
Astana a-t-elle sa place sur le Tour 2008 ?

L'équipe Astana sera-t-elle au départ du Tour 2008 ? - -
A l’occasion de la présentation du parcours 2008, les organisateurs du Tour de France ont, une nouvelle fois, lancé la traque aux tricheurs. Outre l’instauration du fameux passeport biologique, Christian Prudhomme a affirmé « qu’aucune équipe n’est sûre de participer » à la prochaine édition du Tour. Le patron de la Grande Boucle met ainsi la pression sur les équipes qui devront être irréprochables durant la première partie de la saison. Une équipe semble particulièrement visée : Astana. « C’est clair qu’Astana a eu plus que des ennuis cette année avec les affaires Vinokourov, Kachechkin et Kessler » lance d’ailleurs Prudhomme (voir extrait sonore ci-contre).
Dans le peloton, il y a aujourd’hui deux camps. L’un qui critique ouvertement l’équipe Suisse, l’autre qui ne veut pas donner son avis sur ce sujet tant il est brulant. Bref, personne n’ose vraiment se rallier à la cause d’Astana. Seul Johan Bruyneel ne comprend pas l’acharnement des équipes françaises contre sa formation. « Je ne sais pas si cela a un rapport avec ma personne » affirme le nouveau manager d’Astana. « Le message que j’ai pour tout le monde, c’est que je ne peux pas effacer le passé. C’est une équipe nouvelle. Le nom est le même mais le reste change. C’est une nouvelle structure avec de nos nouveaux coureurs et de nouvelles idées qui n’ont rien à voir avec l’équipe Astana du passé » (voir extrait sonore ci-contre).
Une opinion qui n’est pas partagée par tous, à l’image du manager de l’équipe AG2R Vincent Lavenu. Il estime que « les organisateurs du Tour de France doivent déjà se poser la question » de savoir si Astana participera à l’édition 2008. « Je ne suis pas forcément copain avec Bruyneel, il le sait et il me l’a écrit » poursuit Vincent Lavenu un brun agacé. « Ce que je veux, c’est que notre sport arrête de vivre les moments qu’on a vécus cette année. C’est insoutenable de voir un maillot jaune sifflé dans les Pyrénées. Il ne faut plus vivre ça. Il y a tellement de coureurs, de managers et d’organisateurs qui se battent pour que le sport soit propre qu’il faut absolument gagner la partie » explique-t-il (voir extrait sonore ci-contre).
Le manager de la formation FDJeux.com Marc Madiot est lui beaucoup plus explicite sur la question. « Astana a fait beaucoup de mal l’an passé, les conclusions doivent être tirées » affirme-t-il (voir extrait sonore ci-contre).
En revanche, Astana peine à trouver des partisans. Dans les équipes étrangères, on ne veut même pas évoquer le sujet, à l’image de Hans-Michael Holczer, manager de la formation allemande Gerolsteiner. « C’est une décision qui doit être prise par l’UCI et les organisateurs du Tour de France. Et ce sera très dur pour eux. Moi, je parle de ça en interne avec mes collègues. Et la discussion est si chaude que je ne peux pas en dévoiler le résultat. En tout cas, je suis heureux de ne pas être la personne qui doit décider dans cette affaire » affirme-t-il (voir extrait sonore ci-contre).
Un sujet presque tabou dans le peloton du cyclisme mondial, toujours à la recherche d’une nouvelle identité.
Seulement, est-il réellement possible pour ASO de refuser cette équipe ? Oui si l’on en croit le scénario du Tour 2006. A la veille du prologue, l’équipe Astana-Würth doit plier bagages. Cinq de ses coureurs sont impliqués dans une affaire de dopage. L’un des grands favoris du Tour de France, Alexandre Vinokourov, doit oublier ses rêves de titre, tout comme Jan Ullrich, Francisco Mancebo et Ivan Basso, eux aussi conviés à ne pas prendre le départ. Mais deux ans plus tard, la donne a bien changé. Astana va se présenter en 2008 avec dans ses rangs Alberto Contador, vainqueur du Tour 2007. Mais aussi avec Johan Bruyneel ex-directeur sportif de Discovery Channel qui a remporté huit des neuf derniers Tour de France (7 avec Armstrong et 1 avec Contador). Est-il possible de refuser une équipe avec une telle carte de visite ?