Armstrong ne manquait à personne

Le retour plus ou moins officiel de Lance Armstrong dans le monde du cyclisme n’enchante guère l’univers du deux roues. Florilège des différentes réactions du moment.

Comme dans tous débats, il y a les pour et les contre. Les pro et les anti. Lance Armstrong, c’est certes sept Tours de France au compteur, mais également de grosses suspicions de dopage à l’encontre d’un cycliste texan hors normes. Parti de la scène internationale il y a trois ans, l’Américain pourrait faire son come-back dans le monde du vélo. Un retour annoncé sur le site du magazine Vélonews. Un retour qui fait jaser. Forcément.

« S’il passe entre tous les contrôles et qu’on n’a pas de preuves qu’il triche, il n’y a pas de raison. S’il est encore capable de gagner des courses, cela voudra dire après tout que les jeunes sont moins bons que lui… et qu’ils ont beaucoup de travail pour arriver à son niveau. Dans un sens ou dans un autre, je pense que sa présence ne fera pas plus de mal ou plus de bien au monde du cyclisme. Son retour ne me paraît pas choquant. » Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, donne le ton. Un retour aux affaires de Lance Armstrong laisse finalement beaucoup de monde indifférent. Mais ce dernier pourrait reprendre le guidon… au sein de la formation Astana.

Trop de doutes à son sujet

Jointe au téléphone, celle-ci dément l’information par la voix de son directeur sportif, Alain Gallopin. « Nous, on dément l’information. On n'est au courant de rien. Si Lance veut faire un come-back, c’est son problème. Maintenant, s’il veut faire un come-back avec nous, je vois mal comment on pourrait refuser. » D’autres sont beaucoup moins aseptisés dans leurs propos. Notamment du côté de la Fédération française de cyclisme, qui s’inquiète des conséquences d’un tel come back. Jean Pitallier :  « Ce n’est pas une nouvelle extraordinaire. Il fait ce qu’il veut Armstrong. Je pense qu’il a eu une carrière suffisamment éloquente. Je pense surtout que la situation actuelle dans le cyclisme est assez préoccupante pour ne pas nous rajouter une situation suffisamment compliquée. »
Même son de cloche du côté des coureurs tricolores. Jérôme Pineau (Bouygues Telecom) : « Non, je n’éprouverais pas de plaisir à le revoir. Il nous renvoie à une époque un peu trouble du vélo. J’ai la sensation que cela va de mieux en mieux, donc on n’a pas besoin de lui en ce moment. Il n’a jamais rien fait pour faire avancer le problème. Je pense que le sondage dans le peloton sera du même avis que moi. Je ne vois pas ce qu’il pourrait nous apporter ». Si Lance Armstrong souhaitait revenir en faisant l'unanimité, son pari est en passe d'être manqué.

Cependant, Cédric Vasseur, ancien co-équipier de Lance Armstrong et président de l'association internationale des coureurs cyclistes professionnels, ne doute pas des capacités de l'Américain : « Dans un premier temps je pense que c'est surprenant de voir Lance prendre cette décision. Mais, après réflexion, et surtout après l'avoir côtoyé pendant 2 ans à l'US Postal, je pense que c'est une histoire un peu américaine, c'est le retour de Rocky. Il n'est finalement pas si âgé que ça, il a 37 ans, ça fait 3 ans qu'il est absent du monde du cyclisme et récemment il a obtenu un résultat plus que satisfaisant sur une course de VTT. Connaissant sa mentalité, c'est dans ses gênes. 37 ans, c'est l'âge que j'avais l'année dernière quand j'ai gagné une étape sur le Tour de France, donc je le vois non seulement capable de terminer le Tour de France mais aussi d'y briller. Je n'imagine pas Armstrong reprendre une licence et s'aligner sur le Tour de France sans avoir envie de le gagner. S'il revient dans le peloton en 2009, il devra faire les mêmes tests que les autres et notamment se soumettre au passeport biologique. L'ayant côtoyé pendant 2 ans, je sais que c'est un coureur hors du commun et je n'ai jamais rencontré un coureur qui arrivait à son niveau sur tous les points. Il faut aussi mettre en avant le fait que c'est un coureur qui prépare exclusivement une seule épreuve dans l'année, le Tour de France ».

La rédaction - Alix Dulac avec Hubert Allin