RMC Sport

Des Bleues dans le flou avant le Mondial

Céline Dumerc

Céline Dumerc - AFP

Quatre stages de préparation entre juillet et septembre, huit matches amicaux, deux mois ensemble pour assurer la cohésion : la préparation de l’équipe de France féminine de basket a été minutieuse en vue des Mondiaux en Turquie, qui débutent ce samedi. Pour autant, les Bleues navigueront quand même à vue durant la compétition. Eléments d’explication.

Doit-on encore les appeler les Braqueuses ?

Ah, la force de l’habitude ! Le surnom de la bande à Céline Dumerc colle encore à la peau des joueuses de l’équipe de France. Il faut dire que leurs exploits aux JO de Londres (vice-championnes olympiques) et au dernier Euro (vice-championnes d’Europe) ont marqué les esprits. Mais que reste-t-il des « Braqueuses » aujourd’hui ? Quatre rescapées : Céline Dumerc, Sandrine Gruda, Emilie Gomis et Endy Miyem. Suffisant pour créer l’exploit en Turquie ? Pas sûr. Deux d’entre elles (Dumerc et Gruda) ont vu leur préparation tronquée par leur participation aux playoffs WNBA et n’ont rejoint le reste du groupe France que début septembre.

Un championnat du monde, oui mais pour quoi faire ?

Pour préparer l’Euro 2015 en Hongrie, qualificatif pour les JO de Rio, en 2016. Bref, pour voir à moyen terme. D’ailleurs, en appelant 20 filles pour le premier stage (pour 12 finalement retenues), Valérie Garnier n’a jamais caché son désir de ratisser large. « Le but est vraiment de trouver l’équipe performante pour l’Euro 2015, explique la technicienne tricolore. Ce sera peut-être l’équipe du championnat du monde. Ou ce sera peut-être l’équipe du championnat du monde plus ou moins quelques joueuses. C’est ça créer un groupe. On est parti à 20, ce n’était pas un hasard. Mais l’objectif premier, c’est gagner tout ce qu’on peut et prendre tout ce qu’on peut d’expérience pour être vraiment performant à l’Euro 2015, qui lui est qualificatif pour les JO ou les pré-Olympiques. Et au fond de nous, on a tous cet objectif-là. »

Quels objectifs alors ?

Les Bleues et le championnat du monde n’ont jamais bien « matché ». La seule médaille tricolore à ce jour ? Une breloque en bronze, acquise en… 1953, lors de la première édition de la compétition ! Les derniers résultats des Françaises (5e en 2006, 6e en 2010) n’invitent pas forcément à rêver d’une nouvelle médaille. «Une compétition comme un championnat du monde, c’est toujours intéressant. Mais il ne faut pas non plus se voiler la face » souligne Dumerc. D’autant que, et sans « vouloir minimiser la compétition, qu’il n’y a pas de qualification derrière qui nous amènerait à quoi que ce soit » rappelle Garnier. Et que les Bleues commenceront d’entrée ce samedi (18h) par le pays hôte. « Ça te met de suite dans le vif du sujet. La Turquie chez elle, premier match. Bienvenue… » lâche Céline Dumerc. Mais on n’oubliera pas que lors de leur dernier match de préparation, les Bleues avaient battu les Américaines à Coubertin (76-72). Alors...

C’est comment avec une femme aux manettes ?

Elle était adjointe d’Alain Jardel. Puis de Pierre Vincent. La voilà aujourd’hui aux commandes de l’équipe de France de basket féminine. Valérie Garnier coach des Bleues, c’est peut-être aussi LE principal changement autour de cette équipe. Et comme Vincent Collet, elle doublonne club (Bourges) et sélection. « Le métier reste le même, assure-t-elle. La différence, c’est qu’on est dans des conditions idéales. J’ai la chance d’avoir un staff composé de dix autres personnes que moi et d’avoir les dix meilleures joueuses de France. » Les Bleues avaient l’habitude d’un comportement paternaliste avec Pierre Vincent. Cela ne sera plus le cas avec Garnier. « Etre leur mère, leur sœur, leur chef… non, insiste-t-elle. Il n’y a pas besoin d’être en sphère avec les joueuses. Quand je dis que je sais ce qu’elles vivent aujourd’hui quand moi je fais la sélection, c’est que je l’ai vécu, j’ai été à leur place. » L’un de ses adjoints, Patrice Lafargue, est persuadé que Garnier est à la hauteur de la tâche. « C’est quelqu’un qui a une rigueur de travail, qui sait où elle veut aller, qui a une grande expérience internationale. Après, que ce soit une femme ou un homme, ce n’est pas une problématique, confie-t-il. C’est à nous de tout faire pour que tout soit plus facile pour elle pour les prises de décisions. »

A.D avec O.S