
La peur bleue

Le meneur de jeu des Bleus peut avoir le sourire. C'est en patron qu'il a assuré, en fin de match, la victoire aux siens - -
Les débuts de compétition fracassants sont rarement l’apanage des équipes de France. Une mauvaise habitude à laquelle n’ont pas dérogé les Bleus hier. A des années lumières de la bande d’enragés qui avait étouffé la Belgique à Pau pour décrocher son billet pour l’Euro polonais, les coéquipiers à Parker avaient visiblement égaré leur intensité physique quelque part entre le Béarn et Gdansk. Alors qu’ils se voyaient surfer sur la dynamique de leur campagne de qualification européenne, ils ont vécu une entrée en matière plus que délicate.
L’Allemagne paraissait pourtant une première proie bien facile. Sans son maître à jouer Dirk Nowitzki, resté à Dallas pour récupérer d’une saison très animée sur le plan privé, Dirk Bauermann lance en Pologne une toute nouvelle génération, chapeautée par le vieux guerrier Patrick Femerling (34 ans). Mais le déficit d’expérience n’a pas sauté aux yeux. Surtout au cours de deux premiers quarts-temps où le manque de dureté défensive n’avait d’égal que l’absence de rythme en attaque. Bref un maelström de basket au goût amer. Seule les têtes de Ronny Turiaf (15 points, 14 rebonds) et Nicolas Batum (12 points, 8 rebonds), restés sur leur élan palois, dépassaient d’un collectif poussif.
Turiaf : « Bienvenue au championnat d’Europe ! »
Encore pénalisés par leurs faiblesses dans l’exercice des lancers fracs (54,5% de réussite), les joueurs de Vincent Collet ont dû engager une course-poursuite de la septième à la vingt-septième minute, ne reprenant l’avantage qu’en bout de troisième quart-temps (46-45). Mais ils n’étaient pas pour autant au bout de leurs souffrances. De nouveau menés 61-59 à trois minutes du buzzer, ils ont dû leur salut à leur ange protecteur, celui par lequel tous les miracles bleus arrivent. A 2/12 aux tirs jusque là, Tony Parker enfilait ses habits de lumière, ceux d’un des cinq meilleurs du monde, pour planter les onze derniers points de sa formation. Tout simplement monstrueux pour offrir une victoire précieuse (70-65).
« Bienvenue au championnat d’Europe !, lançait Turiaf à l’issue de la partie. On n’a peut-être pas gagné avec la manière mais on a montré qu’on savait gagner les matches durs. Quand j’entends qu’on a été fébriles, ça me fait marrer… » Même constat pour le vice-capitaine Boris Diaw : « On n’a pas douté. On a réussi à rester dans le match jusqu’au bout. On s’est servi de notre expérience et de quelques coups de folie de la part de Tony. On sait pourtant qu’on ne peut gagner qu’en étant à 100%. » La copie mérite quand même quelques corrections avant d’affronter la Lettonie ce soir. D’autant qu’une victoire offrirait un billet pour le deuxième tour avant même de croiser le fer avec les tenants du titre russes.