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EuroBasket - Parker : "On n’a jamais eu une équipe de France aussi talentueuse"

Tony Parker

Tony Parker - AFP

ENTRETIEN RMC SPORT. Tout juste arrivé à l’Insep pour rejoindre le début de la préparation collective de l’équipe de France, Tony Parker a fait part de ses ambitions au micro de RMC Sport pour l’Euro 2015 en France (5 au 20 septembre). Le meneur français, qui pourrait jouer son dernier match avec les Bleus en cas de non-qualification pour les JO, espère marquer encore plus l’histoire de la sélection.

Comment abordez-vous cet Euro 2015 en France ?

Pour moi, ce n’est que du bonus ce championnat d’Europe. Je ne ressens aucune pression. La pression, je l’avais beaucoup en 2013 car j’avais l’impression que si on ne gagnait pas un titre avec l’équipe de France, je n’aurais pas réellement réussi ma carrière. Le fait d’avoir amené ce premier titre de l’histoire au basket français, ça m’a quand même enlevé beaucoup de pression. Cette année, je l’aborde vraiment différemment. C’est vrai qu’il y a une grosse attente car depuis que je suis rentré en France, on ne nous parle que de ça. Pour moi, c’est excitant car il y a une certaine adrénaline. J’ai hâte que ça commence.

Vous avez toujours envie de le gagner cet Euro.

Bien sûr. C’est tout ce qui m’intéresse. Je ne veux que la médaille d’or. Si on ne gagne pas, je serai déçu. On doit défendre notre titre. C’est un nouveau statut pour nous car on n’a jamais été vraiment favoris. On a toujours été les outsiders et on courait derrière l’Espagne. Maintenant, toutes les équipes vont vouloir nous battre.

Prenez-vous cet Euro à domicile comme un cadeau ?

C’est une fin parfaite pour ma génération si on arrive à le gagner et aller aux JO. Ça serait une fin rêvée.

Vous avez tout connu avec l’équipe de France, les hauts comme les bas…

Oui, on a commencé tout en bas. On a vraiment dû la créer notre histoire. En 2005, on gagne notre petite médaille de bronze, la première médaille en 50 ans pour le basket français. On a monté les marches petit à petit. On perd en finale contre l’Espagne en 2009 et 2011, avant de gagner enfin en 2013. Il a fallu se construire cette culture de la gagne en étant performant dans les grosses compétitions et les gros matches.

« Tout ce qui m’intéresse, c’est de gagner la médaille d’or »

L’idée d’abandonner l’équipe de France pendant ses bas ne vous est jamais venue à l’esprit ?

Je ne voulais pas lâcher l’affaire. Je ne voulais pas prendre ma retraite avec l’équipe de France sans gagner de titre. Je me l’étais promis quand on a gagné le titre avec les juniors. Je voulais amener le premier titre de l’histoire du basket français. Pour moi, c’était une vraie motivation et un vrai challenge. Il y a eu pas mal de hauts et de bas. Mais ça valait vraiment le coup quand on voit toutes les émotions après le sacre en 2013.

D’où vient cette volonté de développer le basket français ?

C’est venu naturellement. En tant qu’ambassadeur de son sport, avec une réussite en NBA et beaucoup de jeunes qui te regardent et viennent te voir au stade, tu as naturellement envie d’aider ton sport pour qu’il aille de l’avant. Je pense que Boris (Diaw) et Nico (Batum) sentent la même responsabilité. Je pense qu’on aura fait notre mission.

Pouvez-vous nous expliquer votre méthode en tant que boss de cette équipe de France ?

J’essaye juste d’avoir une bonne influence sur mon équipe. Je veux être certain, avec tout ce que j’ai appris à San Antonio, de préparer au mieux le mental de mon équipe pour pouvoir relever ce challenge. Ça va être très très dur de gagner l’Euro.

Qu’attendez-vous de cet Euro en termes d’impact ?

Je ne pense pas à ça. Tout ce qui m’intéresse, c’est de gagner la médaille d’or. On verra ensuite ce que ça a apporté au basket français. Pour l’instant, je veux rester focus, être sûr qu’on travaille et qu’on fait tout ce qu’il faut pour mériter cette médaille.

Cette équipe de France est-elle la meilleure de l’histoire du basket français ?

C’est mon avis personnel. Pour moi, on n’a jamais eu une équipe aussi talentueuse. Quand j’ai commencé en équipe de France, avec tout le respect que j’ai pour les intérieurs avec qui j’ai joué, on n’a jamais eu une raquette aussi talentueuse. On n’a jamais eu de Rudy Gobert et Alexis Ajinça, 2,15 m tous les deux. Même en NBA, ils sont impressionnants. Alors imaginez en Europe. A l’extérieur, on est doublé à tous les postes. C’est pour ça que je pense qu’on est l’équipe la plus talentueuse. Après, ça ne veut pas dire qu’on va gagner. Il faut quand même jouer les matches. Sur un match, tout peut se passer et c’est ce qui fait la beauté du sport.

Certains disent que c’est se rajouter une pression inutile de dire que cette équipe de France est la meilleure de l’histoire. La pression, on l’a déjà. Comme je l’ai dit, on ne nous parle que de ça depuis qu’on est rentré en France. Il ne faut pas se cacher derrière cette pression. De toute façon, ça sera une déception de ne pas gagner cette compétition. On le sait très bien.

« Il faut savoir s’arrêter et laisser la place aux jeunes »

Le huitième de finale peut techniquement être votre dernier match en équipe de France…

Techniquement, oui, ça peut être mon dernier match en équipe de France. Après, il ne faut jamais dire jamais. Mais j’ai quand même des engagements avec mon club, j’ai beaucoup donné à l’équipe de France et je pense que ça sera le moment de passer la main. Il faut savoir s’arrêter et laisser la place aux jeunes.

Quelle image avez-vous envie de laisser ?

Que quand je jouais, on gagnait des titres. Que j’étais un winner.

Vous avez vu votre coach, Vincent Collet, changer au fil des années. Confirmez-vous son évolution ?

Oui, Vincent a beaucoup évolué. Il a toujours été le technicien que tout le monde connait, très tactique et très très fort. Après, il a dû progresser sur le charisme, dire ce qu’il veut vraiment, confronter les joueurs. Il a pris de l’étoffe sur ça. Avec « Bobo », je pense qu’on l’a bien épaulé pour qu’il évolue. Aujourd’hui, c’est devenu un coach très complet.

Tout le monde présente Rudy Gobert comme le futur phénomène du basket français. Qu’est-ce qu’on peut dire aux gens pour qu’ils comprennent que ce n’est pas un joueur comme les autres ?

Au niveau du physique, ce n’est déjà pas un joueur comme les autres. Quand tu regardes l’histoire du basket français, on n’a jamais eu un intérieur comme ça. Après, c’est clair qu’il doit encore se développer. En attaque, il n’est pas comme Tim Duncan. Mais défensivement, il est déjà à un très très haut niveau. Il a fait une très bonne saison avez les Jazz en NBA. Il a donc beaucoup de potentiel, mais il ne faut pas qu’il se brule les ailes.

Est-ce important qu’il soit entouré par des cadres comme vous ou Boris Diaw ?

Oui. Ça lui enlève de la pression. C’est nous qui allons la prendre. Rudy doit juste jouer son jeu et ne pas se prendre la tête. Quand tu joues à domicile, c’est différent. A l’extérieur, tu peux avoir cette mentalité de « bunker ». A domicile, il y a pas mal de trucs à gérer.

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