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EuroBasket - Parker : "C’est à moi de savoir m’effacer"

Tony Parker

Tony Parker - AFP

Au lendemain de la victoire des Bleus face à la Turquie en 8es de finale de l’EuroBasket (76-53), Tony Parker est revenu sur la formidable ambiance de Lille et sur son effacement personnel, sa discrétion dans le jeu. Une façon de préparer le passage de relais.

Tony Parker, comment avez-vous vécu ce match contre la Turquie dans le stade Pierre-Mauroy de Lille ?

L’ambiance était incroyable. 27 000 personnes, c’est un record. Le président de la Fédé (Jean-Pierre Siutat, ndlr) respire mieux, il est content. (Rires) C’est génial pour le basket français. Pendant l’hymne national, il y avait beaucoup de frissons. Ce n’est pas tous les jours que tu joues devant 27 000 Français. En NBA, j’avais joué devant 38 000 personnes à l’Alamodome (à San Antonio) lors de ma première année là-bas. C’était un stade de foot, avec le rideau. C’était exactement pareil. C’était impressionnant. Et c’était à tous les matchs !

Là, c’est différent parce que tu joues pour ton pays. Ça n’a rien à voir. En plus, on fait un gros match, on gagne de 20 points. C’était une grosse fête. C’était sympa de voir tout le monde sourire, être content. A nous de rester concentré. C’est ma plus grosse crainte, il ne faut pas qu’on s’enflamme. Il y a encore trois matchs à gagner et ça va être de plus en plus difficile. Il faut vraiment qu’on respecte la Lettonie (mardi en quarts, ndlr).

Malgré votre expérience, cette ambiance est marquante…

Ça fait quelque chose. J’ai tout gagné dans ma carrière, beaucoup de titres. Et ça fait quand même quelque chose de jouer devant 27 000 Français. C’était le premier. Je pense qu’au prochain match, on va commencer à s’habituer. Je trouve ça génial de faire un gros match et de gagner de cette façon. C’était une belle fête pour le basket français. Maintenant, c’est à nous de la continuer.

Est-ce bon signe que l’équipe gagne sans que vous ayez le besoin de beaucoup marquer ?

Oui, c’est très bon signe. C’est à moi de savoir m’effacer et laisser mes coéquipiers jouer. Que ce soit avec les Spurs ou l’équipe de France, quand l’équipe joue bien, c’est important pour moi de ne pas forcer. En plus, les défenses sont concentrées sur moi. Sur mes trois premières actions (contre la Turquie, ndlr), ils font prise à deux sur moi et Nando (de Colo) est tout seul à trois points. Je ne vais pas forcer. C’est comme ça. L’équipe de France gagne. C’est ça, le plus important. Ce n’est pas le fait que je joue bien ou que je mette 20 points.

Joffrey (Lauvergne) et Nando sont les joueurs en forme en ce moment. Il faut continuer à jouer sur eux. S’ils ont un coup de moins bien, peut-être que ça reviendra sur moi, sur Boris (Diaw) ou Nico (Batum). Mais moi, en tant que meneur de jeu, ce serait une grosse erreur de vouloir forcer. Evan (Fournier), qui n’était pas très bien, a aussi fait un gros match. C’est ça, une équipe. Si on veut aller au bout, on aura besoin de tout le monde. Je suis bien placé pour le savoir. Avec les Spurs, quand on a gagné en 2014, tout le monde avait bien joué. Tout le monde aura son moment. Il y a encore trois matchs à gagner.

Comment parvenez-vous à vous « effacer » ?

J’ai déjà commencé à San Antonio avec Kawhi Leonard, qui a pris de l’ampleur dans notre équipe, Danny Green, aussi. Ce sont toutes les discussions que j’ai eu avec Pop (Gregg Popovich, son coach) sur le fait de savoir s’effacer quand les coéquipiers jouent bien. En équipe de France, je savais que ce moment allait arriver. C’est obligé, ça fait 15 ans que je suis là ! (Rires) A un moment donné, il faut savoir passer à la relève. Je l’ai toujours dit, je serai toujours prêt à ne pas être égoïste et savoir laisser les autres jouer.

Nando prend de l’ampleur, il faut qu’il continue comme ça. C’est logique. Il n’y a pas s’inquiéter. Tout va bien ! (Rires) C’est mon dernier Euro, je prends beaucoup de plaisir. Ce n’est que du bonus. Je ne cherche pas à essayer de mettre 30 points matchs. Je veux juste qu’on gagne l’Euro. C’est ça, le plus important. Je suis déjà meilleur marqueur de l’histoire (de l’Euro), ça ne change rien maintenant. (Rires)

la rédaction avec JBo à Lille