
Euro basket - France-Serbie : Marina Maljkovic, la "fille de" qui connaît bien les Bleues

Marina Maljkovic, fille de Bozidar et coach de l'équipe féminine de Serbie - AFP
Son patronyme rappelle de belles heures aux supporters limougeauds. Les plus belles, même. Printemps 1993. Fred Forte qui vole la balle à Toni Kukoc et le CSP qui monte sur le toit de l’Europe, premier club d’un sport collectif français à remporter la plus grande compétition continentale de sa discipline. Sur le banc, le légendaire coach serbe Bozidar Maljkovic mène le bal. Vingt-deux ans plus tard, le nom Maljkovic va une nouvelle fois être au cœur de la quête d’un titre européen pour le basket tricolore. Mais cette fois, c’est l’équipe nationale féminine. Et la Maljkovic en question se trouve chez l’adversaire. La ? Marina, 33 ans, née à Belgrade et coach de la Serbie depuis 2012. Une femme qui a fait de la France son autre pays de cœur.
Après avoir vécu à Limoges quand son paternel y officiait (1992-95), Maljkovic a posé ses valises sur le banc de Lyon depuis 2013. Une expérience en dents de scie sur le plan des résultats – 12e cette saison, 5e lors de la précédente – mais qui aura sans aucun doute renforcé sa connaissance du basket français. Et qui fait de la finale de l’Euro entre les Bleues et sa Serbie un moment forcément particulier. « C’est un rêve pour moi, les deux pays que j’adore en finale, confirme l’intéressée. Pour un coach plutôt jeune, vivre ça, c’est immense. » Extravertie dans la vie, Marina révèle à l’inverse un sang-froid étonnant le long de la ligne. Comme si elle arrivait à vivre les matches sans émotion. « Quand la Serbie a gagné le quart et la demie, elle est restée stoïque, rappelle Céline Dumerc, la capitaine tricolore. Mais les filles lui couraient après pour lui sauter autour et ça prouve qu’elle est respectée. Malgré son manque d’émotion, elle dégage quelque chose auprès de ses joueuses. »
Dumerc : « On craint les joueuses, pas leur coach »
Celle qui professe un jeu libre et audacieux, basé sur une grosse pression défensive (« chez elle, tout passe par là, la défense tout terrain, c’est son identité », précise Diandra Tchatchouang), sait où elle va. Et ce qu’elle veut. « C’est quelqu’un souvent en contrôle, estime Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française. Elle a une grande intelligence de jeu. A Lyon, elle a vite exprimé son savoir-faire et sa méthode. C’est une très bonne coach sur le plan européen. Elle rêve peut-être de dépasser ce qu’a fait son père. » Un papa quatre fois champion d’Europe des clubs mais jamais avec une équipe nationale. Ce que sa fille peut réaliser ce dimanche. Avec un avantage évident : sa connaissance de la langue et des joueuses de notre pays. « Elle aura à cœur de remporter ce match contre la France », lance Tchatchouang. « On craint les joueuses, pas leur coach. Mais elle nous connait, nous côtoie et elle parle très bien français donc on ne pourra pas trop annoncer des systèmes sans qu’elle comprenne », confirme Dumerc.
Coach des Bleues, Valérie Garnier n’aura pas le même luxe avec les consignes en serbe de son homologue. Mais elle aura un avantage sur elle. Le passé. Ces deux dernières saisons, les deux seuls entraîneurs féminins de l’Euro 2015 se sont croisés avec Bourges et Lyon en championnat. Résultats ? Quatre victoires pour les Berruyères de Garnier. « A Lyon, elle développe aussi ce style très engagé, avec une défense tout terrain, de l’agressivité », explique cette dernière. Qui pourra aussi compter sur quelques joueuses évoluant à l’étranger et donc moins familières aux yeux de Maljkovic. « Elle connaît peut-être les Françaises mais moi, elle ne me connait pas », s’en amuse Isabelle Yacoubou. On espère que Marina la découvrira un peu mieux ce dimanche.