
EuroBasket - Bleus: De Colo, le facteur X
Avec sa nouvelle dimension, le petits gars de Rivière (Pas-de-Calais) lui pique quelques tickets shoot. Mais Nicolas Batum n’en veut pas à Nando de Colo. Mieux, il l’adoube. « J’ai toujours dit que j’étais un fan de Nando, lâche l’ailier tricolore. C’est mon joueur préféré en équipe de France depuis des années. Il ne me surprend pas, il a toujours eu cette progression constante et ce qu’il fait là est dans la continuité des choses. Il est en pleine confiance, en pleine bourre, au top de sa forme physiquement et mentalement donc il fait des trucs qui sont assez magiques. Il est peut-être l’un des joueurs les plus sous-estimés du basket mondial. » « Batman » y va fort. Mais il n’a pas tort.
A 28 ans, De Colo explose tout sur son passage depuis le début de l’Euro. Meilleur marqueur (12,2 points de moyenne) et intercepteur (1,3 par match) des Bleus, très présent aux rebonds (5,5 prises de moyenne) comme aux passes décisives (3,5 par match), le numéro 12 régale. Des performances à la hauteur de son nouveau statut de titulaire en équipe de France pour cette campagne 2015. Arrivé sur la scène internationale avec un coup d’éclat en septembre 2008 (28 points à 9/9 pour sa première sélection en match officiel, toujours son record offensif avec les Bleus), De Colo n’est longtemps pas parvenu à exprimer sa pleine mesure sous le maillot tricolore. Meneur ou arrière, mais toujours doublure, dans l’ombre d’un Tony Parker trop essentiel pour lui laisser la place.
Avec Parker comme avec Teodosic
Recadré par Vincent Collet à l’arrivée de ce dernier en 2009, le sélectionneur expliquant qu’il n’avait pas besoin de voir un autre que TP accaparer le cuir, le talent brut a patienté. Avant de saisir sa chance cet été. Un yo-yo qui épouse sa trajectoire en club. Formé à l’école choletaise, puis parti s’aguerrir et découvrir l’Euroligue à Valence (Espagne), De Colo tente l’aventure outre-Atlantique en 2012. Deux saisons en pointillés. Drafté par les San Antonio Spurs de Parker, il ne s’imposera pas au Texas. Et pas plus aux Toronto Raptors, où il est envoyé en février 2014. L’été suivant, retour en Europe. Direction Moscou et le CSKA où le champion d'Europe 2013 (médaillé d'argent en 2011) va être associé à l’explosif et génial meneur serbe Milos Teodosic et « retrouver du rythme dans (s)on jeu ». Le duo va vite faire des étincelles.
Titulaire, De Colo enchaîne les bonnes performances sur les scènes nationale et continentale. Meilleur joueur de la VTB League, élu dans le deuxième meilleur cinq de l’Euroligue, Nando a pris sa place à la table des meilleures références européennes. Associé à Parker avec les Bleus, un duo qui rappelle celui qu’il forme en club avec Teodosic, le garçon a poursuivi dans la même veine cet été. « Nando a pris une nouvelle dimension du fait d’être revenu en Europe et d’avoir du temps de jeu conséquent au CSKA Moscou, dans la plus grosse compétition européenne qu’est l’Euroligue, confirme l’ancien international Antoine Rigaudeau. Ça lui donne de la confiance. C’est un attaquant très fort, fort mentalement, fort techniquement, et c’est pour ça qu’il fait de telles performances. »
Pietrus : « Le MVP de l’Euro pour l’instant »
Au four et au moulin, De Colo a traversé le début d’Euro en patron. Autoritaire, serein et en confiance. Royal, quoi. « Nando prend de l’ampleur en ce moment, il faut qu’il continue comme ça », juge Parker. D’autres, comme Florent Pietrus, vont plus loin : « Il est un peu tôt pour le dire mais pour l’instant, c’est le MVP de l’Euro ». Et ce n’est pas la perspective d’une fin de compétition à Villeneuve-d’Ascq, dans cette région qu’il aime tant, qui incite à l’imaginer baisser de pied. A l’hôtel des Bleus, sa femme et sa fille – il est papa depuis près d’un an – lui rendent même des visites. Les seuls moments où ce garçon réservé et simple (il est parti au camping de Fréjus cet été alors qu’il gagne 125 000 euros par mois à Moscou) sourit vraiment.
Son explosion personnelle ? Nando n’en a cure : « Je ne fais pas plus attention que ça à ce qui se passe autour de moi. C’est l’équipe qui prime. » Même s’il a conscience de son nouveau rôle : « J’ai trouvé ma place et je dois conserver mon agressivité. J’ai plus de responsabilités et j’essaie de prendre mes opportunités. Je veux continuer comme ça. » Et après ? Une fois l’Euro terminé, Nando retournera briller en Russie. A moins que la NBA n’ait envie de le revoir. De nombreux scouts (recruteurs) étaient au stade Pierre-Mauroy pour le huitième de finale contre la Turquie. Quelque chose nous dit qu’ils ont aimé le match (15 pointts, 7 rebonds, 7 passes décisives) d’un certain De Colo.