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La grogne des motards

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Dix jours après l’accident qui a coûté la vie à Pascal Terry, les motards du Dakar s’inquiètent des conditions de sécurité du rallye. Mardi, lors de la dixième étape, un Espagnol est tombé dans le coma après une chute.

Le drame est encore dans toutes les têtes. Il y a une semaine, le Français Pascal Terry était retrouvé mort, trois jours après sa disparition lors de la quatrième étape du rallye. Victime d’un œdème pulmonaire, il est impossible de savoir s’il aurait pu être sauvé s’il avait été secouru à temps. Mais la lenteur des secours et la responsabilité d’ASO, qui refuse désormais de commenter ce décès, ont été mises en cause. « Il ne faut pas y penser, parce que sinon, ce n’est pas la peine de prendre la piste, confie Claude Bouix, qui participe à son premier Dakar. Mais quand on rentre le soir au bivouac, on a toujours une petite pensée et on se demande si ça ne peut pas nous arriver à nous. »
De plus en plus perplexe, le motard regrette le manque d’assistance des organisateurs sur le parcours. « Ce qui est difficile, c’est qu’en termes de sécurité, on a du mal à voir les gens autour de nous, poursuit-il. On a du mal à se sentir un petit peu encadré. » Il y a trois jours, Bouix a dû assister un autre concurrent, blessé dans les dunes. Une expérience qui n’a fait que confirmer ses doutes. « Apparemment, il avait la jambe cassée, confie-t-il. J’ai attendu trois quarts d’heure à côté de lui. Ça a été très long. J’étais impuissant, je ne savais pas quoi faire. Il perdait connaissance. On ne me donnait pas d’instruction et surtout, je ne peux pas faire de secours. Ce sont des moments difficiles à vire. »

« Mon dernier Dakar… »

Face à cette situation, certains motards amateurs ont décidé de quitter le Dakar et de rentrer chez eux. Mais la grogne monte aussi du côté des concurrents plus aguerris, qui éprouvent, eux aussi, un sentiment mitigé. « Quand on entend parler des temps d’intervention, ça me surprend, ça me choque, lâche Luc Pagnon, qui participe à son neuvième Dakar. Sans parler du drame qu’il y a eu... C’est impensable de laisser un garçon comme ça pendant trois jours. »
Mardi Cristobal Guerrero est tombé dans le coma après une chute lors de la spéciale autour de Copiaco. Conduit à l’hôpital, le motard espagnol, 76e au général, devait passer un scanner dans la soirée. Mais avec cette nouvelle tragédie, l’appréhension des concurrents ne fait que s’amplifier. « Quand je pars de la maison, pour rassurer mes enfants, ma femme, mes parents, mes amis, je leur dit que sur le Dakar, on est plus vite sécurisé que sur le périphérique à Paris, explique Luc Pagnon. Là, trois jours pour Pascal Terry… Non ! » Le Marseillais l’avoue, il participe cette année à son dernier Dakar. « Pour moi, les conditions n’y sont plus… »

La rédaction - Julien Richard & Clément Zampa