
L’Argentine se prend au jeu

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Il n’y avait que le football et sa folie pour exacerber la passion du peuple argentin au point d’éclipser tous les autres sports. Mais depuis le 24 décembre et le 23e titre de Boca Juniors acquis lors de la dernière journée du championnat d’ouverture, l’éclipse totale est finie… C’est au tour du Dakar d’enflammer les Argentins. Depuis une semaine, tout le pays se passionne pour la 30e édition du rallye-raid qui va effectuer une boucle de 9000 kilomètres au départ de Buenos Aires. Si l’épreuve passe aussi par le Chili et son célèbre désert de l’Atacama, l’Argentine se taille la part du lion avec dix départs d’étape sur quatorze.
Les quotidiens comme La Nacion et Olé se sont mis au goût du jour et font une large place à cette aventure humaine et mécanique : « La course sera une grande vitrine pour l’Argentine. Nous sommes prêts à relever ce défi. Le Dakar signifie davantage pour nous qu’un Grand Prix de Formule 1 », explique Enrique Mayer, le secrétaire d’Etat au tourisme. Les plus âgés comparent même cet événement à la Coupe du monde de football 1978 en termes de gigantisme. C’est ce côté « vitrine » qui rend également les Argentins fiers. On va parler de leur pays en bien dans le monde entier. Les Andes, la pampa… le rallye-raid est une brochure touristique à lui tout seul. « C’est un rêve que nous réalisons avec le Dakar. C’est une joie d’avoir été choisi pour cette course, surtout en plein bicentenaire de la Révolution de Mai, et que Tigre en soit le point de départ. Nous aimerions en faire une tradition », ajoute Sergio Massa, chef de cabinet de la présidente Cristina Kirchner.
Derrière l’engouement politique qui rassemble dix provinces et huit ministères différents, il y a une véritable liesse populaire. Dix mille personnes se sont déplacées pour voir les véhicules et les concurrents lors de la présentation Plaza de la Republica à Buenos Aires, moyennant dix pesos. Les Gauchos sont de vrais fans de sport auto. Chaque année, ils s’entassent sur le bord des routes en terre de la région de Cordoba pour voir passer une épreuve du championnat du monde des rallyes. Il y a peu, ils avaient même un Grand Prix de F1. « Avec le débarquement du Dakar en Argentine nous avons pris conscience de ce que signifiait cet événement mondial pour notre pays. Le Dakar va marquer un avant et un après pour le sport automobile argentin », explique Leonardo Boto Alvarez, le coordinateur du Dakar.
S’il n’y a que peu d’Argentins en auto, les motards sont légions et ils promettent le feu aux Européens sur des routes qu’ils connaissent pas cœur. Les Sud-Américains sont réputés pour être fous au volant comme en atteste le nombre ahurissant de décès quotidiens sur les routes du pays, vingt-deux ! Pour ce réveillon, beaucoup d’habitants de Buenos Aires avaient quitté la capitale pour aller fêter le passage à la nouvelle année à la campagne. Mais les organisateurs ne se font pas de souci, on attend entre plusieurs dizaines de milliers de personnes pour le grand départ.