
Dakar : Al-Attiyah, le champion carte postale

Nasser Al-Attiyah - AFP
Son CV raconte un champion rare, multicartes. Cinq participations aux Jeux et une médaille olympique en tir, dix titres de champion du Moyen-Orient et moult autres accessits en rallye traditionnel, désormais double lauréat du Dakar… Nasser Saleh Al-Attiyah, vainqueur ce samedi de l’édition 2015 du célèbre rallye-raid, quatre ans après son premier succès, valse avec les disciplines. Avec toujours un credo : faire briller les couleurs du Qatar. Représentant des Al-Attiyah, le deuxième clan le plus important du pays après les Al-Thani au pouvoir, fils de l’ancien ministre de l’Energie, « ami personnel » du président du PSG (son club préféré) Nasser Al-Khelaïfi, celui qui était déjà porte-drapeau qatari aux Jeux d’Atlanta en 1996 joue son rôle dans la promotion de l’émirat à travers la planète.
Une diplomatie des médailles en complément de celle des salons. Qui lui confère un statut à part. « Au Qatar, c’est vraiment une star, explique son copilote Matthieu Baumel. A l’école, les enfants apprennent l’histoire du sport grâce à un livre sur Nasser Al-Attiyah (sic). Dans la rue, c’est un Dieu ! (Rires.) » Et l’intéressé, qui parle parfois de lui à la troisième personne, de s’en amuser sans fausse modestie : « Je suis une des plus grandes stars au Qatar car j’ai gagné beaucoup de choses. Depuis 13 ans, je remporte toujours le prix du meilleur athlète qatari de l’année. Le Qatar me soutient et m’accompagne pour tout. C’est la raison pour laquelle je gagne. L’émir prend toujours des nouvelles de moi. Les médias, les gens importants et le grand public suivent ce que je fais car tout le monde aime gagner au Qatar. »
Al-Attiyah : « Les gens aiment Nasser Al-Attiyah ! »
Publicité vivante pour un émirat qui est son principal sponsor, cet aîné d’une famille de sept enfants, qui s’est toujours rêvé en sportif – « participer au Dakar a été mon rêve pendant 25 ans » – et a découvert la vitesse à 12 ans au guidon d’une Suzuki trois cylindres, n’en reste pas moins un sacré champion. La preuve sur ce Dakar où le pilote de 44 ans a écrasé la concurrence : cinq étapes remportées et un classement général qu’il aurait dominé du début à la fin sans une pénalité de deux minutes infligée dès la première journée (excès de vitesse dans une liaison). « On a bien contrôlé la course », résume-t-il. Le tout avec un bel état d’esprit. Gentleman du bivouac, toujours poli, souriant, disponible et attentif aux autres, « NAA » ne trimballe pas sur le Dakar une volonté de la jouer superstar. Bien au contraire.
Il y a quatre jours, on a pu voir le Qatari faire un détour (alors qu’il était très entouré) pour glisser un mot réconfortant à un motard amateur français qui venait d’abandonner. Il finance également en partie le rallye d’un pilote paraplégique (l’Andorran Albert Llovera). « Les gens aiment Nasser Al-Attiyah ici (sic), clame l’intéressé. On doit respecter les gens, être avec eux. Ces milliers de gens derrière nous, c’est fantastique. On ne peut pas acheter un tel soutien. Mon compte Instagram tourne à plein régime pendant les 15 jours de course. » « Il sourit toujours, même dans la voiture. Il est comme ça 100% du temps, raconte Matthieu Baumel. C’est quelqu’un d’exceptionnel, avec qui il est facile de travailler. » Et tout sauf un pilote fantoche. « Avec l’expérience qu’il a maintenant, quand on lui donne une information, il l’analyse tout de suite comme il faut, poursuit son copilote. Il a une vision de la piste extraordinaire et en plus, il m’aide parfois à faire la navigation quand il voit que je suis un peu pris par les différentes notes. Tout cela fait que notre équipe fonctionne très bien. » S’il espère encore garnir son palmarès sur le Dakar dans les années à venir, le médaillé de bronze olympique 2012 de skeet (discipline dont il co-détient le record du monde) visera aussi l’or aux Jeux de Rio en 2016. Ce serait une première dans l’histoire olympique du Qatar.
Coma se rapproche du record
A l’issue d’une 13e et ultime remportée samedi à Baradero (Argentine) par le Slovaque Ivan Jakes (KTM), Marc Coma a signé le cinquième succès de sa carrière sur le Dakar, après 2006, 2009, 2011 et 2014. Le motard espagnol de 38 ans, qui offre au constructeur autrichien KTM son 14e succès consécutif sur l’épreuve, devance le Portugais Paulo Gonçalves (Honda) et l'Australien Toby Price (KTM) sur le podium final. Il égale ainsi le palmarès de Cyril Neveu et Cyril Despres et n’est plus qu’à une longueur du record dans la catégorie de Stéphane Peterhansel, également lauréat à cinq reprises chez les autos.