
MotoGP: Quartararo, une grande première pour le prodige français
C’est le triomphe d’un phénomène de précocité. Du haut de ses 21 ans, Fabio Quartararo a remporté ce dimanche le Grand Prix d’Espagne de MotoGP, sa première victoire dans la catégorie reine et le premier succès d'un pilote français depuis Régis Laconi en 1999. "Je n’arrive toujours pas à réaliser. Il faut maintenant profiter et bien récupérer pour en avoir une autre la semaine prochaine", confiait-il à l’arrivée au micro de Canal+, pas rassasié et donc déjà tourné vers la prochaine course, programmée le 26 juillet en Andalousie. Sur le circuit de Jerez, il a devancé le local Maverick Vinales à l’issue d’un Grand Prix spectaculaire marqué notamment par la folle remontée et la chute du sextuple champion du monde Marc Marquez.
Pour Quartararo, débloquer son compteur dès la première manche de la saison lui permet de se libérer d’un poids alors qu’il rejoindra l’année prochaine l'écurie d'usine Yamaha, héritant du guidon d’un certain Valentino Rossi, son idole de jeunesse. Cette année, c’est encore sous les couleurs de SRT, satellite de Yamaha, qu’il compte bien confirmer les belles promesses aperçues l’année dernière pour sa première saison en MotoGP. Des grands débuts marqués par six pole positions, sept podiums, une cinquième place au classement général final du championnat du monde et le trophée de meilleur rookie. De quoi porter les espoirs français en moto et faire oublier quelques années plus compliquées.
Il a connu des saisons difficiles
Car le parcours de Quartararo n’est pas tout à fait linéaire. Mis sur une moto à seulement quatre ans par ses parents, il prend rapidement la direction de l’Espagne pour poursuivre son apprentissage. De l’autre côté des Pyrénées, il peut s’aligner dans la catégorie 50cc dès l’âge de sept ans, à l’inverse de la France. Un choix payant puisqu’il rafle tout sur son passage: il s'impose en 70cc, 80cc, 125cc et s’adjuge en 2013 le championnat d’Espagne de vitesse moto, effaçant par la même occasion tous les records de précocité de Marquez. Problème, il est alors trop jeune pour intégrer le championnat du monde de Moto3 et rempile donc pour une saison. Avec succès puisqu’il s’offre le titre de champion pour la deuxième fois consécutive.
Un changement de règlement lui permet ensuite d’intégrer le championnat du monde de Moto3 à seulement 15 ans, devançant d’une année l’âge minimum normalement requis. Ses premiers résultats sont bons, mais plus la saison avance et plus son niveau décline. Il doit se contenter d’une 10e place finale au championnat en 2015 alors qu’il était attendu dans la lutte pour le titre, mais marque tout de même les esprits avec deux pole positions et deux podiums. L’année suivante ne se passe pas non plus comme prévu. Au sein d’une nouvelle équipe, il termine 13e sans être monté une seule fois sur le podium. Malgré un bilan décevant, il monte de catégorie et découvre la Moto2. Mais 2017 est un copié-collé de 2016: pas de podium et une 13e place finale. Quartararo doit attendre 2018 pour retrouver le sourire avec une pole position, une victoire et deux podiums.
Encensé par la légende Rossi
Contrairement à certains de ses aînés, comme Marquez en 2012, il ne devient pas champion du monde de Moto2. La team satellite de Yamaha décide malgré tout de l’engager dans la catégorie reine. Très fort très jeune, le natif de Nice aura finalement un peu galéré entre 2015 et 2018, avant de s’éclater en MotoGP, où il impressionne par sa vitesse et sa maturité. "Je pense que c'est un talent hors normes. Il a cette année accompli quelque chose de spécial", confiait à son sujet la légende Rossi en novembre dernier, bluffé par ce pilote devenu six mois plus tôt le plus jeune à signer une pole position en MotoGP, à 20 ans. Même compliments de la part de Marquez fin 2019: "Fabio devient à chaque fois plus fort et il sera un sérieux rival pour le championnat l'an prochain."

Pour Laconi, dernier vainqueur français dans la catégorie reine avant le triomphe de Quartararo ce dimanche, la joie est aujourd’hui immense. "On peut dire 'enfin' parce que c’est vrai qu’il a failli nous le faire plein de fois l’an dernier. Il reste un jeune pilote, très fort. C’est un plaisir de le voir gagner son premier Grand Prix. Il n’a pas eu de chance la saison dernière. Tout est allé dans la bonne direction aujourd’hui, un grand bravo à Fabio et à son équipe. C’est beau de le voir gagner sur le premier Grand Prix. C’est beau de voir tout ça, ce sont des performances à mettre au-dessus de l’exceptionnel", s’est-il réjoui au micro de RMC. Pour "El Diablo", réputé modeste et qui a su gagner le respect de ses rivaux comme la sympathie du public, l’objectif est désormais de gagner en régularité pour continuer à bousculer la hiérarchie et se rapprocher de son rêve de couronne mondiale.