
Moto GP: aux origines du phénomène Quartararo, en pole pour le GP de France
Il est 16h30 quand Dorian, Damien, Célia et Allan enchaînent les tours de Piwi sur le petit circuit du Centaure Club, à l’est de Nice. Créée depuis le 19 novembre 1925, l’association permet aux jeunes pilotes de s’initier à la mini-moto. En 2003, un enfant de quatre ans arrive avec sa propre Piwi, achetée par son père, et impressionne. Son nom? Fabio Quartararo.
Jean-Marc Markarian, président du Club Centaure, se souvient de ce moment particulier: "Mon père et moi, on l’a vu de suite, il était déjà au-dessus du lot. Dès ses premiers jours, il était rapide." Même souvenirs pour Sylvain Markarian, fils de Jean-Marc, ami d’enfance de Fabio et aujourd’hui pilote en championnat du monde 300: "Ma première course, il me met un tour de piste direct…"
"Il ne touchait pas les pieds par terre" mais "roulait comme un grand"
Après la Piwi, le jeune Fabio passe sur une Conti, toujours achetée par son père Étienne, champion de France 125cc en 1983. "Il avait six ans, il ne touchait pas les pieds par terre. Je m'en souviens parce qu'on le retenait quand il sortait de piste, sourit Jean-Marc avec nostalgie en montrant une photo du jeune Fabio en plein virage. Là, on était à l’Océane, pas loin de Cagnes-sur-mer, il est monté sur cette Conti et il a fait des tours de roue… c’était impressionnant. Jamais passé de vitesse le gosse et il a roulé comme s’il faisait des courses. Il était facile, il roulait comme un grand." Qualifié de casse-cou, Fabio Quartararo n’a peur de rien, à la fête foraine où il se rendait avec Jean-Marc et son fils Sylvain, comme sur un circuit.
Après la période Conti, le club Centaure, dirigé à l’époque par le regretté Vincent Markarian, lui achète une Metrakit, un plus gros modèle. "Moi j’avais peur de monter dessus, je pleurais, rigole aujourd’hui Sylvain. Lui, premier virage, genou par terre. Il avait une adaptation à la vitesse impressionnante, il était plus rapide que des jeunes de deux ou trois ans de plus que lui. Il a un don, c’est tout." Jean-Marc n’en revient toujours pas quand il y repense: "En Espagne, on lui met une Metrakit de 50cc mais c’est un bébé! Boîte à six vitesses, boîte inversée ce n’était pas son problème. Il voulait monter dessus."
Du Club Centaure de Nice à l'Espagne
C’est à sept ans à peine que Fabio rejoint l’Espagne pour faire de la compétition. Andy Verdoïa a lui aussi rejoint la péninsule ibérique, à 13 ans, après avoir commencé au Club Centaure. Aujourd’hui âgé de 17 ans et pilote en championnat du monde Supersport, il explique le choix qui l’a poussé à franchir les Pyrénées, comme Fabio à l’époque.
"L’école espagnole est la meilleure. En France, ça commence à progresser et ça fait plaisir, mais avant c’était compliqué pour les jeunes en petites catégories. On n'avait le droit de rouler qu'à partir d’un certain âge. En allant en Espagne, tu savais que tu allais progresser avec des pilotes qui sont aujourd’hui au championnat du monde de Moto GP."
Une catégorie reine que fréquente actuellement Fabio Quartararo. Mieux, il a profité de la blessure de l’intouchable Marc Marquez pour se hisser en tête du championnat du monde avant le Grand Prix de France. De quoi rendre fiers les Markarian: "Quand on le voit à la télé, on a les frissons. Moi, mon épouse, mon fils, tout le monde. Mon père était fier du petit, le père de Fabio, je n’en parle même pas. Le Centaure Club de Nice en pole position, au départ en Moto GP… ça fait parler les Niçois. Pour la ville de Nice aussi c’est bien, il la représente."
Et il y revient de temps en temps pour venir voir la famille, à dix minutes du Centaure Club, et les amis. "Il a tellement de choses à gérer qu’il ne peut revenir souvent, regrette Sylvain. Mais il y a trois mois, je l’ai eu au téléphone et il était content, je le sentais à sa voix. On ne se voit plus trop mais je suis son premier fan." Le prochain appel sera peut-être ce dimanche, après avoir remporté le Grand Prix de France…