
Formule 2: ART Grand Prix, l’autre écurie française du paddock
Deux pilotes français dans une écurie française roulent ce week-end sur le circuit de Djeddah, en Arabie saoudite… et on ne parle pas d’Alpine ! Cette saison, ART Grand Prix, en Formule 2, hisse aussi le drapeau Bleu-Blanc-Rouge. L’écurie, fondée en 2004 par Frédéric Vasseur, actuel patron de Ferrari et Nicolas Todt, manager de Charles Leclerc, aligne pour la première fois deux tricolores en F2.
"On a roulé en cadet en karting ensemble"
Il s’agit du champion en titre de Formule 3, Victor Martins, et de Théo Pourchaire, qui entame sa troisième saison. "C’est vrai, il y a des similitudes (avec Alpine), sourit Martins. Avec Théo on est tous les deux jeunes et on doit montrer notre potentiel. Il va forcément y avoir de la pression, des moments plus compliqués. C’est un beau challenge. C’est comme pour Esteban et Pierre : parfois ce ne sera pas facile à gérer entre eux deux."
Ils ne viennent pas de la même région mais, à l’image d’Ocon et de Gasly chez Alpine, les deux coéquipiers se côtoient depuis longtemps. "On se connait depuis 2014. On a roulé en cadet en karting ensemble, se rappelle Pourchaire. Quand Victor a été champion du monde en 2015, j’étais troisième. Cela ne peut être que bénéfique d’avoir quelqu’un qui roule très vite à côté de moi." Victor Martins ajoute : "On a régulièrement roulé l’un contre l’autre et souvent été comparés. Mais il n’y a aucun problème, tout se passe bien, ça rigole, ça travaille. Après, on a les mêmes objectifs…"
"Il faut le titre"
Les ambitions sont élevées. Cette saison ART Grand Prix vise le titre avec Théo Pourchaire, deuxième l’année dernière. "C’était déjà l’objectif l’an passé, rappelle Sébastien Philippe, directeur d’ART Grand Prix. C’est clair, ce serait une très grosse déception de ne pas gagner. Il lui faut le titre." Pourchaire pensait au départ ne pas rempiler en F2, faute de financements. Il s’y est finalement engagé grâce au soutien de la Sauber Academy, de la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) et de quelques sponsors.
Il a déjà remporté la première course principale à Bahreïn et sa saison s’annonce chargée. En plus de son programme avec ART Grand Prix, le Grassois est cette année pilote de réserve F1 chez Alfa Romeo. "Être pilote de réserve? c’est une grande chance car c’est un premier pas vers la F1, explique le garçon de 19 ans. Je consacre beaucoup de temps au simulateur, je travaille aussi au tunnel aéro. Je suis aussi beaucoup en Suisse, près de l’usine pour travailler. Ce sont de grosses responsabilités. Je peux aussi remplacer un titulaire s’il a un souci et monter dans la voiture…"
"Je pense que plus on est chargé, mieux c’est"
Sébastien Philippe, qui a encouragé Pourchaire à poursuivre en F2, soutient ce double-projet, d’autant que les calendriers de F1 et F2 se chevauchent. "Cette saison est importante. Je pense que Théo n’était pas complètement mûr. On a eu de gros problèmes techniques sur quelques courses en 2022 en Formule 2, mais le Théo que l’on voit cette année est très différent de celui de l’an passé. Cette troisième saison était sûrement nécessaire car il est monté tellement vite dans les échelons... Il n’était peut-être pas complètement mature lors de son arrivée en F2. Il n’avait sans doute pas avec la bonne vision de la charge de travail qu’il fallait pour réussir."
Sur son rôle en F1, il ajoute: "Je pense que plus on est chargé, mieux c’est. Il vaut mieux utiliser le temps libre pour s’impliquer sur un projet sportif plutôt que ne rien faire. Ce n’est que du bon Théo de faire ça, il va gagner en autonomie." Sa saison s’annonce donc passionnante d’autant que Victor Martins se révèle déjà être un redoutable concurrent. Deuxième de la course sprint ce samedi à Djeddah, il avait déjà terminé troisième sur le même format à Bahreïn.
"Sur l’aspect pilotage, puissance, les procédures, je trouve que je me suis adapté assez facilement, souligne Martins, parti tout de même avec moins de pression que son coéquipier. J’ai envie de gagner dès la première année car je sais que si je veux avoir un futur en F1, qu’il soit proche ou plus tard, il faut montrer mon potentiel directement. Je sens que j’ai les ressources, que j’ai les capacités, mon entourage derrière." De quoi hisser haut les couleurs de la France.