
Que vaut Schumi en 2010 ?

L'Allemand a fait beaucoup de choses pendant ses trois années sabbatiques, comme jouer au football. Sera-t-il d'attaque pour un retour en F1 ? - -
Que vaut le Schumacher de 2010 ? La question est légitime après les déconvenues du pilote la saison dernière, obligé d’ajourner son retour en Formule 1 chez Ferrari en raison de douleurs au cou. L’Allemand se ressentait des conséquences d’une chute survenue cinq mois plus tôt en moto. Les cervicales touchées, il avait eu besoin de plusieurs mois de rééducation, et le remplacement au pied levé de Masa, blessé, n’avait peu se faire, au grand dam du pilote. Lors de sa conférence de presse de mercredi Schumacher s’est voulu rassurant : « Je me sens bien. J’ai retrouvé mon niveau passé en suivant un programme d’entrainement spécifique cet été. Je ne ressens plus de gêne au cou. Je peux faire les mêmes exercices qu’à l’époque où je courais ». Dans le paddock, on ne manque pas de s'interroger, même si le retour du champion ravi le milieu. « Cela me réjouit pour Michael qu'il soit de retour. C'est sa propre décision, il a ses raisons, a ainsi déclaré son compatriote de chez Red Bull, Sebastian Vettel. J'espère que malgré son âge il est suffisamment en forme pour pouvoir piloter. Personne ne s'attendait vraiment à ça. Mais j'espère pour l'instant qu'il est en forme et qu'il n'a plus de problèmes avec son cou et sa gorge. » Sans surprise, Ross Brawn, le patron de l'écurie Mercedes, a fait corps avec son protégé de longue date : « Michael est le mieux placé pour évaluer son propre potentiel et je lui fais complètement confiance. Je suis tout à fait convaincu qu'il fera du bon travail. »
Courir à 41 ans, est-ce bien raisonnable ? De mémoire de pilote, on n’a jamais vu un quadra sur le circuit. Riccardo Patrese détenait jusqu’à ce jour le record de longévité. Sur sa Benetton, l’Italien avait effectué ses derniers tours de piste à 39 ans. C’était en 1993, et avait terminé 5e. Un an plus tôt, il finissait même 2e. Comme quoi, un pilote peut reverdir sur le tard. Rubens Barrichello l’a encore prouvé récemment. A 37 ans, le Brésilien a signé une superbe saison sur sa Brawn en accrochant le podium (3e). A l’aune de ces deux exemples, le pari de Schumacher n’est pas forcément fou. Pour l’ancien pilote Olivier Panis, « ce n’est pas un problème d’âge mais de motivation ».
Reste que son absence des circuits peut être un handicap. S’il a pu se ressourcer en famille et en s’adonnant au karting, ses trois années de jeune retraité suscitent la perplexité. Les exemples de pilotes ayant « coupé » pendant leur carrière se résument à quelques cas : Alain Prost (1 an en 1992) et Nigel Mansell (1 an en 1993, lors de son passage en IndyCar avant de retourner à la F1). Schumacher est-il toujours dans le coup ? Chez Ferrari, l’Allemand n’a plus roulé, se limitant à un rôle de conseiller. « Certaines choses vont le surprendre, il n’a pas connu les pneus slicks par exemple, remarque ainsi Olivier Panis. Il n’y a plus de séances d’essais, ce qui fera qu’il sera probablement un peu court en début d’année, il aura un manque de roulage ». L’ancien pilote et consultant RMC Sport Patrick Tambay se veut optimiste estimant que l’« expérience du pilote compensera les changements de réglementation. » Un avis tempéré par Jean-Luc Roy, animateur de l’émission Motors sur RMC : « C’est bien sûr un grand professionnel, très exigeant au niveau de la mise au point du matériel, mais il n’a jamais connu de Grands Prix sans ravitaillements. Personnellement, je serais moins catégorique. » On en saura plus en février dès les premiers tours de piste.