
Monaco : le Grand Prix qui n'a pas de prix

Pour lire ce document : dans le cercle jaune, le rapport de vitesse. dans la carré bleu marine, la vitesse en kms/h, dans le carré bleu ciel, le nombre de G encaissé par les pilotes. - -
4 150 changements de vitesse (en 78 tours), des virages négociés au millimètre, pratiquement aucun endroit où doubler. Une heure et quarante-cinq minutes de course sans le moindre droit à l'erreur. Monaco demeure Le Grand Prix de tous les excès. « Pour tout pilote, il y a un avant et un après la victoire à Monaco ! », expliquait, radieux, David Coulthard, après son second succès, en 2002.
Pourtant, qu'on l'ait gagné six fois (dont cinq de suite) comme Ayrton Senna, cinq fois comme Michael Schumacher ou Graham Hill, ce Grand Prix exerce toujours le même pouvoir d'attraction sur les pilotes. Car tout est affaire de prestige. On peut rater complètement sa saison et se rattraper aux yeux de l'écurie, des sponsors, du public voire même, en imposer aux autres pilotes en montant sur la plus haute marche du podium en Principauté.
People à outrance
Il faut dire que cette manche du championnat du monde de Formule 1 réunit le plus de téléspectateurs de toute la saison. L'impact médiatique est énorme, surtout quand la majorité des télévisions du monde entier a chauffé ses caméras durant deux semaines avec le tout proche Festival de Cannes. Les places en tribune s'arrachent à prix d'or. Les logements jouxtant le tracé du circuit peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros... pour un bout de balcon pendant la course !
Toute la planète show-biz se doit d'apparaître dans les paddocks. Aux côtés des pilotes pour les plus chanceux, avec les seules monoplaces en arrière plan pour les autres. On ne compte plus les reportages sur les starlettes tutoyant du regard et du décolleté le moindre mécanicien. Bref, pendant deux jours, les peoples ont rendez-vous à Monaco.
Hors norme
Seul circuit du plateau où l'on ne peut effectuer aucun essai en dehors du week-end de course, mais aussi dernier circuit urbain, Monaco possède de nombreuses autres spécificités. Avec 3,340 km le tour, c'est le tracé le plus court du championnat. Les virages du Grand Hôtel et de La Rascasse demeurent les plus serrés d'entre tous. Pour terminer le tableau, le revêtement est, d'après les pilotes, le plus bosselé jamais rencontré en Formule 1. C'est un problème de taille pour les motoristes car, si les roues perdent le contact avec le grip de la piste, on obtient immédiatement un surrégime qui peut être fatal au moteur.
Mais ce qui fait la vraie réputation de Monaco est sans aucun doute la « largeur » de sa piste. Le tracé le plus étroit du championnat hante et ravi en même temps les pilotes de toute génération. La moindre erreur se paie cash. Et les murs et rails de protection qui se rapprochent à 200 km/h ne font rien pour diminuer cet effet d'être toujours à la limite de trajectoire.
Pour le triple champion du monde Nelson Piquet, « La F1 à Monaco, c'est comme de faire de la bicyclette dans un salon. C'est totalement déplacé ». Mais certains possèdent des astuces qui s'approchent souvent du mysticisme : « Le secret, c'est de caresser tendrement les rails sans jamais les embrasser passionnément. Mentalement, c'est très exigeant », déclarait, songeur, David Coulthard, après sa seconde victoire à Monaco. Difficile de dépasser à Monaco ? Impossible même : pour preuve, Excepté le Français Olivier Panis, qui a remporté le Grand Prix en 1996 sur Ligier en partant de la quatorzième place (tous les leaders avaient abandonné un à un sur une chaussée complètement détrempée) , depuis près de vingt ans, tous les vainqueurs à Monaco ne se sont jamais élancés au-delà de la troisième place de la grille de départ !
3,340 kms du circuit
Le parcours est là pour rappeler qu'une victoire à Monaco est un exercice d'équilibriste. Tour d'horizon, tour de chauffe : Après la ligne de départ, les pilotes arrivent directement sur le virage à droite devant l'église Sainte-Dévote, patronne de Monte-Carlo. Un virage mythique puisque nombre d'accrochages ont eu lieu ici, juste après le départ. La montée qui s'ensuit permet à ces « fous du volant » de rejoindre la place du Casino pour ensuite amorcer une descente sur Mirabeau et sa fameuse épingle du Casino. Et puisque Monaco n'est décidément pas un circuit comme les autres, après cette épingle qui se négocie en première, les pilotes arrivent directement dans le tunnel. Ils empruntent alors la courbe la plus rapide de tous les circuits du plateau (280 km/h). Difficulté supplémentaire, les pilotes ressortant à fond du tunnel, leurs rétines sont soumises à l'agression subite du soleil, le tout en encaissant 4 G. Qui dit mieux ? Les voitures arrivent sur le port, où des plongeurs sont prêts à repêcher tout pilote Puis vient le passage de la « Piscine » et la remontée vers la ligne de départ.