RMC Sport

Jean Todt : « Je souhaite que la France ait un Grand Prix de Formule 1 »

Après le sacre, l'heure est à la reconnaissance envers les membres de la FIA qui ont soutenu le Français à la présidence.

Après le sacre, l'heure est à la reconnaissance envers les membres de la FIA qui ont soutenu le Français à la présidence. - -

Première sortie médiatique pour le Français, élu vendredi président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) avec 135 voix contre 41 pour son rival, l’ancien pilote Ari Vatanen. Son programme, ses hommes, ses ambitions : c’est à lire ci-dessous.

Jean Todt, quelles sont vos premières impressions ?
Je suis soulagé. Ce fut une expérience extrêmement prenante. J’aime l’action, j’aime faire avancer les choses. Pour en arriver à la présidence de la FIA, il a fallu en passer par des élections, démocratiques. Je suis ravi de voir qu’autant de pays à travers le monde ont soutenu ma candidature et m’ont élu. Maintenant, tout reste à faire. Il va falloir travailler avec tous les clubs pour unifier la FIA, tant au niveau de la mobilité que du sport, le tout avec une équipe très performante. Il faudra apporter des résultats. On est en train d’affronter une période cruciale de l’automobile, de l’environnement, de l’énergie, du réchauffement climatique… Le tout en lien avec le sport. Il faudra en discuter avec toutes les autorités concernées.

Ce poste est-il très différent de ceux que vous avez occupés dans le passé, notamment chez Ferrari ?
Quand j’ai quitté Ferrari, j’espérais diminuer la pression, et puis rapidement il y a eu la campagne, une autre forme de pression. Maintenant, j’ai une responsabilité, celle de bosser pour la FIA pour résoudre les problèmes qui se posent. On a trop tendance de rapprocher la FIA de la F1. Or ce sont des dizaines de millions d’adhérents, des automobilistes, des problèmes comme la sécurité routière, des vies à sauver, des usagers de la route… Et tout l’aspect sportif des choses. Mais la première chose, c’est comprendre ce qu’il faut faire, comment et avec qui on va le faire.

Quelle concurrence vous a donnée Ari Vatanen ?
Je me projette sur l’avenir. Je n’ai pas choisi les autres candidats. Il y a deux ans, je ne m’attendais pas à avoir un pilote en face de moi. Je ne pensais pas forcément candidater à la FIA non plus... Dans la vie, il faut s’avoir s’adapter. Ce sont les résultats qui comptent. Quand l’élection est terminée, on respecte les choix, et on travaille.

Vatanen a-t-il un futur à la FIA ?
Il n’est pas dans ma liste. Mais on ne peut fermer la porte à aucune situation. On a besoin de gens compétents. Il faudra renforcer notre équipe. Nous allons voir avec ma liste comment on va s’organiser.

En quoi votre présidence sera-t-elle différente de celle de Max Mosley ?
Je suis contre l’idée de dire qu’il faut tout changer. Je suis pour le changement constructif. Ce qui était vrai il y a dix ans ne l’est plus aujourd’hui. Il faut analyser et faire des choix stratégiques, les appliquer ensuite. La FIA est une grosse machine, très complexe, avec de nombreuses antennes dans le monde. Des dizaines de pays, des cultures très différentes.

« Il y aura toujours une place pour Michael Schumacher »

Etes-vous surpris de l’ampleur de votre majorité ?
Vous savez, je suis un angoissé par nature. Même si je savais pouvoir compter sur de forts soutiens, je me suis dit que tout restait possible. La victoire, c’est quand on a passé la ligne d’arrivée. J’ai trop vécu dans ce milieu pour ne pas le savoir. Il fallait beaucoup d’humilité, de pudeur. Et attendre le résultat. Avant, j’étais engagé dans une écurie pour mes qualités. Là, c’était un vote, c’est fondamentalement différent...

Pouvez-vous tenir aussi longtemps que Max Mosley ? Cela vous porterait jusqu’en 2025…
Peut-être que je demanderai à mon fils de me remplacer, alors ! (Rires dans la salle) Avec les nouveaux statuts de la FIA, on ne peut pas prétendre assumer plus de deux mandats consécutifs. Je ne peux que remercier Max Mosley, qui a considéré qu’après seize ans de présidence, j’étais le meilleur candidat. Je ne lui avais rien demandé, à la différence de l’autre candidat (Vatanen, ndlr). Mosley a refusé de le soutenir, car il estimait que j’étais un meilleur candidat.

Quelle position allez-vous adopter dans le dossier Briatore, qui attaque devant un tribunal civil ?
Aujourd’hui, ce que je connais de l’organisation de la FIA, ça se passe devant la porte. J’ouvre la porte, je découvre de nombreux dossiers. Sur ce cas précis, c’est un tribunal civil qui statue. La FIA n’est pas impliquée directement. Ce n’est pas le dossier que mon équipe devra regarder en priorité.

Quelle sera votre première décision ?
Je vais passer un week-end tranquille, déjà… Lundi, j’ouvre les portes du bureau de la FIA à Paris avant de me rendre dans les autres bureaux, à Genève, en Angleterre… Je veux essayer de comprendre avant de prendre des décisions.

Peut-on imaginer un prochain retour du Grand Prix de France de Formule 1 ?
Cela fera partie des dossiers que l’on regardera. J’en ai déjà parlé avec des amis de la Fédération française des sports automobiles, des membres du gouvernement, le président de la République, le Premier ministre… Je souhaite que la France ait un Grand Prix de Formule 1.

Y-a-t-il une place pour Michael Schumacher à la FIA ?
Oui, il était avec moi aujourd’hui. Michael Schumacher, c’est comme un fils pour moi. Nous sommes très proches. Avec lui, il y aura toujours une place avant, pendant et après...

La rédaction - Bertrand Saliou (BFM-TV)