
Grosjean, un talent à canaliser

Romain Grosjean - -
Une course à ruminer, à regarder devant son écran de télévision ses habituels adversaires du dimanche en train de se bagarrer sur la piste de Monza. Privé de Grand Prix d’Italie par les instances de la Formule 1, Romain Grosjean aura le temps de cogiter sur ses accrochages du début de saison. Depuis janvier, le pilote Lotus est impliqué dans de nombreux incidents de course. Ce dimanche, c’est Fernando Alonso (Ferrari) qui en a fait les frais « J'ai eu très peur, souffle le leader du championnat du monde. Romain Grosjean a la culture du GP2 et il a été impliqué dans sept accidents en douze départs. Il ne faut pas blâmer le pilote. J'étais au mauvais endroit au mauvais moment. »
Le GP2, l’antichambre de la F1, forge le caractère des pilotes. Champion du monde de la discipline la saison passée au volant d’une monoplace de l’écurie française DAMS, Grosjean avait démontré toute son agressivité et son talent sur l’asphalte. « C’est dans sa personnalité, c’est un pilote très performant mais très agressif, confie Jean-Paul Driot, le patron de DAMS. Mais au début d’une carrière l’un ne va pas sans l’autre. Un garçon comme Ayrton Senna était très agressif. Dire qu’un pilote de course automobile n’est ni agressif, ni très indépendant dans le caractère, ce serait mal jugé le phénomène d’un pilote de course. »
Driot : « Grosjean, c’est un cheval de course »
Comme de nombreux jeunes pilotes en Formule 1, le natif de Genève a les dents longues et l’expérience de ces départs sulfureux. Dans la catégorie inférieure, la réputation de Romain Grosjean et de ses envolées dès le début d’une course ne sont plus à prouver. « Il cherche à occuper le terrain et à gagner des places dès le départ, analyse le membre de la Dream Team RMC sport, Patrick Tambay. Il aurait dû faire preuve de plus de patience et gérer un peu mieux ses émotions, son engagement physique et sportif. Mais si ça marche, on dit que c’est un héros. »
Un héros qui se transforme en une petite seconde en zéro. Son accrochage à Spa a mis hors-jeu Alonso (Ferrari), Hamilton (McLaren) et Pérez (Sauber), trois pilotes susceptibles de remporter le Grand Prix. Pénalisé de 50 000 euros d’amende en plus de sa suspension, la tâche de son écurie Lotus et son manager Eric Boullier sera de le remettre sur pied mentalement. « Romain, il faut lui parler, il a énormément de potentiel, termine Jean-Paul Driot. C’est au manager de le calmer et de le poser avant le départ. C’est un cheval de course de haut niveau mais quand on arrive à le canaliser…. La saison dernière ça s’est très bien passé en GP2. Il n’y a aucune raison qu’il n’y arrive pas à l’étage supérieur. » Il ne reste plus qu’à dompter cette monture avant le Grand Prix de Singapour, dans trois semaines.