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GP de Malaisie : et à la fin, c’est Mercedes qui l’emporte ?

Nico Rosberg

Nico Rosberg - AFP

Ultra-dominatrice l’année dernière, Mercedes semble, après un Grand Prix seulement, déjà intouchable pour ses concurrents qui se sont, quasiment résignés à vivre dans son ombre des Flèches d’Argent. A moins d’une défaillance…

Traditionnellement lors d’un week-end de Grand Prix en F1, le vendredi est la journée des conférences de presse (un peu) et des essais libres (surtout). Mais alors que la saison 2015 avance à son rythme, on va déjà probablement finir par considérer (beaucoup) cette journée comme celle… du gala officiel de Mercedes. Nico Rosberg d’abord (en 1’40’’124) puis Lewis Hamilton ensuite (1’39’’790) l’ont encore démontré ce vendredi : même aux essais libres, leurs Flèches d’Argent ne laissent aucune miette à leurs adversaires. Pas l’éventualité d’un début de suspense, pas même un infime motif d’espoir. Et comme généralement, le samedi et le dimanche sont des copier-coller du vendredi… la conclusion du Grand Prix de Malaisie, sauf problème technique ou sortie de route, semble déjà toute trouvée.

Une situation que le paddock vit avec fatalisme. Voire pour certains, un profond agacement. Fâché de ne plus pouvoir jouer les premiers rôles, le patron de Red Bull, Christian Horner, s’est ému de la situation auprès de la FIA, en lui demandant d’agir, sous peine de quitter… la F1, rien que ça ! Une déclaration épidermique – mais aussi une vraie prise de position, partagée par d’autres patrons d’écurie, plus taiseux - raillée par Mercedes en général et Lewis Hamilton en particulier. « J’ai été amusé par cette remarque, surtout après une course seulement, a lâché avec un large sourire le champion du monde en titre. C’est une opinion intéressante venant d’une personne ayant connu tant de succès, alors que pas une fois Mercedes n’a demandé à égaliser les choses. » Lorsqu’entre 2010 et 2013, Red Bull et Sebastian Vettel raflaient tout au nez et à la barbe de tout le monde.

Grosjean : « J’aurais bien voulu qu’elles soient pénalisées »

Depuis, Christian Horner est revenu sur ses propos. « C’est surtout de la frustration de ne pas avoir le contrôle de son destin, a confié le boss de Red Bull. C’est extrêmement frustrant de ne pas être plus compétitif. Bien sûr, Mercedes fait du très bon travail en ce moment et on travaille beaucoup pour essayer de réduire l’écart qui nous sépare d’eux. » Sans pour autant s’empêcher d’en remettre une petite couche : « Mais diminuer cet écart, avec la règlementation actuelle, c’est une autre histoire » insiste Horner, rejoint dans sa crainte d’une domination 100 % Flèche d’Argent par Olivier Panis. « J’ai peur que ce début de saison soit dominé encore par Mercedes », soupire l’ancien pilote Toyota.

Directeur général de Renault F1, Cyril Abiteboul, lui, rappelle que Mercedes a su attendre son heure dans l’ombre du géant Red Bull. « Je pense que c’est peut-être un peu la fable de « La cigale et la fourmi ». On était peut-être un peu trop enthousiasmé par ces succès, par ces titres ensemble et l’on ne préparait peut-être pas suffisamment l’avenir. A la différence de Mercedes, qui était dans sa traversée du désert, ce qu’on a totalement oublié aujourd’hui parce qu’ils dominent totalement. Mais pendant cette traversée du désert, ils préparaient l’avenir qui est aujourd’hui. »

Rosberg : « Les autres poussent fort »

Un avenir qui appartient aux Flèches d’Argent, sans (aucun ?) doute mais que ne veulent pas subir les pilotes, principales victimes de cette domination outrageante. « Il y a toujours eu des équipes qui dominaient les autres. En 2010 c’était la Red Bull, et j’ai fait beaucoup de fois deuxième ou troisièmes derrière les deux Red Bull et j’aurais bien voulu qu’elles soient pénalisées pour pouvoir gagner maintenant c’est comme ça, c’est le sport, estime Romain Grosjean. Ils ont travaillé mieux que les autres avec les mêmes outils. Ils ont fait une monoplace avec un moteur superbe. A nous de travailler derrière pour les rattraper. »

Revenir à hauteur de l’écurie allemande, détentrice, avec près de 300 millions d’euros, du plus gros budget de la F1 ? L’exploit sera compliqué. Impossible ? « C’est trop tôt pour dire ça, tempère Nico Rosberg. Les autres poussent fort. Ferrari a fait un gros pas en avant. Tout d’un coup, maintenant, ils sont sur le podium juste derrière nous. Bon… encore loin mais ils arrivent donc il faut faire gaffe ! » Dès ce week-end ? Le débat est ouvert…

A.D avec F.M et A.A à Sepang