
F1: rétrogradé par Red Bull, vainqueur à Monza, l'énorme réponse de Gasly
Un exploit retentissant. Un moment historique. Une performance XXL au terme d’une course incroyable. Du haut de ses 24 ans, Pierre Gasly a remporté ce dimanche à Monza le Grand Prix d'Italie, une première pour un pilote français en Formule 1 depuis Olivier Panis à Monaco en 1996. Parti à la dixième place sur la grille de départ, au volant de son AlphaTauri (ex-Toro Ross), il a su saisir sa chance et profiter du nouveau départ de la course donné au 28e tour après le violent accident de Charles Leclerc (Ferrari).
Lewis Hamilton (Mercedes) renvoyé aux stands, Gasly s’est comporté en patron pour prendre les commandes et faire preuve d’un sang-froid implacable pour résister jusqu’au bout à Carlos Sainz (McLaren).
"C'est incroyable, je ne réalise pas. C'était une course tellement folle, on a capitalisé sur le drapeau rouge, on a été rapides. Je suis passé par tellement de choses. Mon premier podium au Brésil, ma première victoire ici... c'est dur de réaliser. Je n'ai pas les mots. Mon écurie? Ils font tout pour moi, ils m'ont donné ma première chance en F1, je leur donne une première victoire. C'est un circuit de moteurs et on savait que les moteurs de Renault allaient donner du fil à retordre", a-t-il exulté au micro de Canal+.
Une nouvelle réponse après son podium au Brésil
Une revanche éclatante pour celui qui avait été rétrogradé de Red Bull à Toro Rosso en août 2019. Il avait déjà envoyé un message fort à la marque au taureau en décrochant son premier podium le 17 novembre 2019 au Brésil. Seulement battu par Max Verstappen, il avait devancé Carlos Sainz, déjà, et avait montré sa force de caractère après un début de carrière fait de hauts et de bas.
Regardons dans son rétroviseur. Arrivé en Formule il y a trois ans chez Toro Rosso, dans un premier temps pour remplacer le Russe Daniil Kvyat le temps de deux courses, il va finalement au bout de la saison en courant cinq Grand Prix. Confirmé pour l’année 2018, il marque les esprits à Bahreïn en prenant la quatrième place pour sa septième course. Red Bull Honda décide alors de le récompenser de sa bonne saison (29 points inscrits en 21 courses) en lui offrant une promotion.
"Il a prouvé qu’il avait le talent indéniable que Red Bull a vu en lui depuis le début de sa carrière. Ses performances exceptionnelles cette année, dans l’équipe motorisée par Honda, lors de sa première saison complète en Formule 1, n’ont fait que renforcer sa réputation de jeune pilote le plus excitant de l’avenir du sport automobile et nous attendons avec impatience que Pierre nous apporte sa vitesse, son habileté et son approche en 2019", s’enthousiasme Christian Horner, directeur de Red Bull. Mais la collaboration avec Verstappen se révèle rapidement compliquée. En 12 courses, il ne marque que 35% des points gagnés par Red Bull, soit 63 en 12 courses.
Pour Hamilton, "il mérite une top team"
Helmut Marko, le grand manitou de la filière autrichienne, s'agace de plus en plus, n’hésite à tacler son mental et finit par le renvoyer chez Toro Rosso à l’été 2019 pour le remplacer par le Thaïlandais Alexander Albon. Une grosse claque pour le Normand qu’il aurait pu avoir beaucoup de mal à digérer. Mais au lieu de sombrer, Gasly est donc reparti de l’avant, en répondant de la meilleure des manières avec ce podium au Brésil: "Ce n’est pas une renaissance. J’avais dit que ma réponse serait sur la piste. Depuis que je suis revenu, Toro Rosso est à fond derrière moi. C’est un moment que je n’oublierai jamais." Il n’est pas prêt non plus d’oublier cette première victoire de sa carrière, preuve de son immense talent. Une réponse, encore, à ses ancien boss qui le jugeaient trop tendre.
"Enormes félicitations à Pierre. Je l'apprécie beaucoup. Je crois qu'il a été rétrogradé de manière peu correcte l'an passé. Il est passé dans l'écurie B et a battu l'écurie A. Il le mérite, il mérite une top team", a justement analysé Lewis Hamilton après la course sur Canal+. Helmut Marko, qui avait effectué un mea culpa très clair après le podium de Gasly à Interlagos ("Pierre a montré de la classe, nous connaissons son talent, et aujourd'hui, c'est une preuve parfaite de celui-ci"), ne pourra pas dire autre chose aujourd'hui que le sextuple champion du monde britannique.