
F1: Mercedes fait sensation et polémique avec son volant révolutionnaire
Le monde de la Formule 1 est en émoi. La deuxième journée des essais hivernaux constitue peut-être un premier tournant dans la saison 2020. Sur la piste du circuit de Barcelone, Mercedes a fait sensation (et polémique) en testant un système baptisé DAS (pour Dual Axis Steering, soit direction à deux axes en français). Cette surprenante nouveauté a été découverte par les observateurs et les concurrents en observant les images de la caméra embarquée sur la monoplace W11 de Lewis Hamilton.
À plusieurs reprises, en particulier en entrée et sortie de virage, le sextuple champion du monde britannique a été vu en train de pousser et de tirer son volant pendant qu'il roulait, comme s'il s'agissait d'un manche à balai d'avion. Ce geste avait pour conséquence de changer légèrement le pincement des roues avant. Pendant la manoeuvre, la notification "Marker" apparaissait sur l'écran du volant. Il semblerait qu'elle acte la transmission d'un marqueur pour l'analyse des données.
La FIA a donné son feu vert
Ces images ont rapidement suscité de nombreux commentaires, et surtout des interrogations sur la légalité de cette innovation. Les écuries ont le droit de tester des fonctionnalités non-réglementaires durant les essais hivernaux, tant qu'elles ne sont pas jugées dangereuses par les instances dirigeantes. Il semble toutefois que Mercedes envisage d'y recourir pendant la saison. "Nous espérons que ce sera utile durant l'année", a déclaré James Allison, directeur technique de la formation allemande.
Plusieurs points du règlement technique ont alors été relevés par les observateurs pour montrer que ceux-ci pouvaient potentiellement s'appliquer au DAS, qui a été comparé à un système de suspension dynamique. Les textes interdisent pourtant le moindre "ajustement" sur un "système de suspension lorsque la voiture est en mouvement". Ils prohibent aussi "tout système électrique capable de modifier ou d'affecter la performance" d'une partie d'un système de suspension.
Un système qui ne modifierait que les roues
Mercedes assure néanmoins que sa nouveauté est a priori licite et, surtout, que la FIA était mise au parfum: "C'est quelque chose dont nous discutons avec eux depuis un certain temps. La réglementation est assez claire au sujet de ce qui est permis avec les systèmes de direction. Nous sommes plutôt confiants sur le fait que ça correspond à toutes ces exigences." Le site officiel de la Formule 1 a d'ailleurs publié des analyses allant dans ce sens.
S'il n'est pas considéré comme un système modifiant la suspension, mais agissant uniquement sur les roues, le DAS semblerait alors conforme au règlement. Celui-ci n'empêche pas les écuries de faire tourner les roues dans plusieurs axes. Il dispose simplement que "tout système de direction permettant le réalignement de plus de deux roues est interdit". C'est en adéquation avec Mercedes, qui ne fait bouger que ses roues avant.
Est-ce vraiment utile?
Si les conclusions sur la réglementation ne sont pas encore définitives, des voix se sont ensuite élevées sur l'aspect sécuritaire. Sebastian Vettel (Ferrari), dubitatif sur ce nouveau mouvement requis pour des pilotes déjà bien occupés avec toutes les commandes sur leurs volants, a ainsi déclaré: "C'est assez bizarre, je pense, d'avoir la sensation de pouvoir se retrouver tout à coup avec uniquement le volant entre les mains. (...) C'est aussi pour ça qu'il y a la FIA, pour prendre soin de nous et s'assurer que les choses ont du sens, que l'on a les mains sur le volant." Romain Grosjean, cité par Motorsport, s'est montré encore plus sceptique: "Tu joues avec la sécurité. Déjà, c'est un système qui doit être prouvé, archi-prouvé et vraiment bien fait."
Puis le paddock s'est fort logiquement demandé si cette nouveauté avait un réel intérêt. Mercedes a refusé de s'étendre, pour ne pas inspirer ses rivaux: "Il introduit une nouvelle dimension à la direction, pour le pilote. (...) Nous gardons pour nous la manière précise dont nous l'utilisons et pourquoi nous l'utilisons."
Les premières réflexions supposent que cela pourrait être utile pour réduire l'usure des pneus, problématique particulièrement complexe ces dernières années. "Si ça permet d'aller plus vite et qu'il n'y a pas de préoccupations, il faut choisir cette option", a d'ores et déjà fait savoir Sebastian Vettel. En attendant, l'écurie Mercedes a encore démontré qu'elle avait une longueur d'avance technologique. Et elle s'en est bien amusée sur les réseaux sociaux.