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F1 - Grosjean chez Haas: "Cette décision m’a valu une nuit blanche"

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Romain Grosjean a décidé de s’engager la saison prochaine avec l’écurie américaine Haas. Pour RMC Sport, le désormais futur ex-pilote de Lotus F1 évoque une décision délicate, un projet exaltant et des rêves de sacre à venir avec… Ferrari, grande sœur de Haas. Ou dans un avenir proche chez Renault.

Romain, pourquoi avoir décidé de rejoindre l’écurie Haas ?

Plusieurs raisons m’ont poussé à prendre cette décision : l’envie d’une nouvelle expérience, l’envie de quelque chose de neuf après 10 ans passés à Enstone (siège technique de Lotus F1), 10 podiums, plus de 70 Grands Prix ensemble. Il était temps de voir quelque chose d’autre. Les conditions n’ont pas été faciles cette année. Et il y a surtout un très beau projet, la première écurie américaine depuis 1986, qui a fait les choses très intelligemment avec un partenariat avec la Scuderia Ferrari. Tout ça fait que je crois au projet. Ça peut être une très belle étape dans ma carrière.

A quand remontent les premiers contacts ?

Les premiers contacts remontent à il y a un an avec mon manager. Et les choses se sont accélérées autour de Monza (6 septembre). J’ai rencontré Gene Haas (président de l’écurie) et Gunther Steiner (Team Manager). Ça c’est très bien passé, on est tombé d’accord rapidement. Juste avant Singapour (20 septembre), j’ai pris ma décision. C’était quelque chose que j’avais envie de faire. J’avais aussi envie de prendre de l’expérience dans une autre écurie et pourquoi pas revenir un jour ici pour essayer d’être champion du monde à Enstone.

Pourquoi avoir privilégié Haas, alors que Renault souhaite revenir en 2016 ?

Le défi Renault aurait pu être quelque chose de très bien. On a longuement attendu pour savoir si Renault revenait ou pas. On ne le sait toujours pas aujourd’hui (Renault a lancé hier le processus d’acquisition de Lotus, ndlr). Malheureusement, la saison 2016 approche à grands pas. Techniquement, ça devient compliqué pour être au top dès le début de saison. J’ai toujours été soutenu par Total, j’ai toujours fait ma carrière avec Renault. En 2014, on a eu une année compliquée où j’ai peut-être un peu trop laissé parler ma frustration et j’en suis désolé mais ça ne veut pas dire que je ne reviendrai pas un jour pour essayer d’être champion du monde avec Renault.

La décision de quitter Enstone a-t-elle été dure à prendre ?

Cette décision m’a valu une nuit blanche. Je ne savais pas. Je suis parti courir 14 km, ce qui m’aide en général à prendre une décision. Je suis rentré et j’en ai parlé avec ma femme.

A quel niveau de compétitivité peut-on s’attendre avec Haas ?

Si je connaissais le niveau de compétitivité, le choix aurait été plus facile. On sait qu’il y a un grand partenariat avec Ferrari, il y a le moteur, la boite de vitesse qui vont venir de Maranello. Maintenant, on ne sait jamais. Quand une nouvelle écurie arrive, ça peut être une belle surprise ou bien compliqué. C’est pour ça qu’ils veulent un pilote d’expérience pour les aider, les guider.

Quelles sont vos ambitions ?

L’ambition de découvrir quelque chose de nouveau, de donner le meilleur de moi-même. Je vais essayer de marquer des points. On ne va pas parler tout de suite de podium. Mais si on rentre dans le Top 10 de temps en temps en qualification et à marquer des points pour une bonne place au championnat constructeur, ce serait déjà un très bon début.

Avez-vous l’impression de franchir un palier ?

Oui, c’est clairement un palier. Dans le paddock, on m’a toujours vu chez Renault ou chez Lotus. Là, je pars dans une écurie américaine, soutenue par Ferrari, les choses ont changé. Ça fait du bien d’être désiré par une équipe. Mon statut va changer.

Avez-vous l’idée de rejoindre Ferrari ?

Tout pilote rêve d’aller un jour chez Ferrari. Après, penser que je vais chez Haas parce que Kimi Raïkkönen va peut-être partir et que je pourrais récupérer sa place, c’est trop rapide. Je vais déjà chez Haas, montrer ce que je suis capable de faire. C’est sûr que Ferrari gardera un œil sur ce qu’il se passe. Après, on verra. Pour le moment, il y a un nouveau challenge très excitant. Une carrière est courte, il faut optimiser ses chances. Je suis en Formule 1 pour devenir champion du monde. Ce ne sera certainement pas avec Haas, mais peut-être plus tard en rejoignant la grande sœur qu’est Ferrari.

Comment abordez-vous les derniers Grands Prix ?

Quitter Enstone ne sera pas très simple. J’ai promis à tout le monde que je paierai des bières en décembre. Maintenant, pour ces cinq derniers GP, c’est une très bonne situation, mon avenir est assuré. Je vais pouvoir donner le maximum, pour que jusqu’au bout, tous les mecs soient fiers et heureux d’avoir travaillé avec moi.

LA