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F1: "C’est un bagarreur", Prost justifie le retour d'Alonso chez Renault

Après deux ans d'absence, Fernando Alonso retrouvera la Formule 1 au sein de Renault à partir de la saison 2021. Conseiller spécial de l'écurie française, Alain Prost justifie ce choix auprès de RMC Sport et répond à ceux qui y voient avant tout une décision marketing.

C’est le reformation d’un duo historique. Fernando Alonso, qui fêtera ses 39 ans le 29 juillet, fera son retour en Formule 1 en 2021 avec Renault, l'écurie avec laquelle il a glané les titres mondiaux en 2005 et 2006. Il remplacera Daniel Ricciardo, en partance pour McLaren en fin de saison, et sera associé à Esteban Ocon. 

"Il y avait les options de trois grands champions: Fernando Alonso, Sebastian Vettel et Valtteri Bottas. C’était un peu moins évident pour Sebastian dans le sens où sa motivation n’était pas encore très claire. C’était un peu compliqué pour nous. Valtteri, lui, a la meilleure voiture du plateau. On voulait aussi avoir quelqu’un qui ne soit pas une option de remplacement, mais quelqu’un de parfaitement motivé pour le projet, qui connaisse bien l’équipe et qui soit prêt à faire une année 2021 certainement plus compliquée", commente Alain Prost, quadruple champion du monde (1985, 1986, 1989 et 1993) et conseiller spécial de Renault, auprès de RMC Sport.

L’expérience d’Alonso sera assurément un atout précieux pour Renault au moment où s’ouvrira une nouvelle ère technologique avec l’intronisation en 2022 d'une génération très attendue de monoplaces. "Il y a aussi toute l’histoire derrière Fernando avec les deux titres de champion du monde obtenus avec Renault. Pour la marque, c’est très important d’avoir un pilote de ce calibre. Ça a été un choix presque naturel et partagé par tous les gens du groupe, dont le marketing. C’est un choix audacieux, mais qui est assumé par tout le monde dans l’entreprise. Il a une énorme expérience, il a connu des grandes équipes, avec des succès et des problèmes en même temps. C’est un bagarreur. Quand vous êtes en milieu de peloton alors que vous êtes déjà champion du monde et que vous bagarrez pour essayer de glaner un ou deux points, ça montre une force de caractère incroyable et c’est ce qui nous plaît chez lui", poursuit Prost.

"Faire uniquement un choix marketing serait une erreur"

"On a besoin de ça à court terme. Le plateau de la Formule 1 est très serré, ça bataille à coup de dixièmes et de centièmes. Un pilote comme lui peut nous arracher des points et nous faire progresser encore plus", ajoute-t-il. L’écurie française ne craint-elle toutefois pas l’impatience et le caractère parfois orageux de l’Espagnol?

"C’est un sujet que j’ai abordé avec lui. En toute franchise, c’est le côté risque qu’on pourrait retrouver. Il en parle ouvertement. Il dit qu’il a beaucoup changé, que ses années sabbatiques l’ont fait mûrir. Il a découvert d’autres choses, comme le Paris-Dakar et l’endurance. Il s’inscrit dans un projet avec des gens qu’il connaît bien. D’une certaine manière, il sait qu’il n’a pas le droit de décevoir sur ce plan", affirme Prost, convaincu également que l’âge d’Alonso ne sera pas un handicap. "Il ne l’a jamais montré, même quand il était avec McLaren à 37 ans. Il a montré qu’il n’avait pas perdu sa fougue", estime "Le Professeur".

"Il a été devant Stoffel Vandoorne, qui était considéré comme l’un des pilotes du futur, pendant deux saisons à chaque course. C’est vrai que la tendance est d’amener des jeunes pilotes. Fernando a un avantage: il pose des centaines de questions, il est sans arrêt avec les ingénieurs. C’est un peu la méthode de l’ancienne génération, qui peut encore très bien fonctionner. Je ne me fais pas trop de soucis", appuie Prost, qui tient également à répondre à ceux qui voient à travers le retour d’Alonso une décision basée avant tout sur des critères marketing. "Faire uniquement un choix marketing serait une erreur, répond Prost. On a pris une décision sportive, qui est bien entendu liée à un aspect marketing. C’est très important pour une marque. Tous les constructeurs impliqués en F1 veulent réduire les coûts et mesurer l’impact qu’a la F1 dans le monde entier en termes de retombées. C’est normal qu’il y ait un aspect marketing, mais ce n’est pas la raison principale."

RR avec Lucas Vinois