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Comment la F1 compte regagner de l’attractivité

En manque d'attractivité, la F1 va-t-elle rester dans le flou ?

En manque d'attractivité, la F1 va-t-elle rester dans le flou ? - AFP

Victime d’une désaffection populaire, la Formule 1 cherche des solutions pour retrouver son public. Alors que le Grand Prix de Monaco se dispute ce dimanche (14h), plusieurs propositions ont été avancées pour changer les choses à l’horizon 2017. Bonne nouvelle ? Eléments de réponse.

A la télé, les audiences chutent. Sur les circuits, les tribunes se vident peu à peu. Ils étaient 86 000 spectateurs à Barcelone il y a quinze jours. Quatre ans plus tôt, ils étaient plus de 100 000. La perte de vitesse populaire de la Formule 1 se constate dans les chiffres. En manque d’attractivité, la F1 doit se réinventer pour retrouver son éclat. Pour lutter contre cette désaffection à l’origine multiple (courses moins spectaculaires, suspense absent, bruit des moteurs réduit, etc), les instances s’organisent. A l’issue d’une réunion en Angleterre la semaine dernière, le groupe stratégique de la F1 – aucun pouvoir de décision – a ainsi livré plusieurs axes. Au programme ? Le retour des ravitaillements en essence. Des moteurs qui pourront tourner à des régimes plus élevés et donc faire plus de bruit. Un look plus « agressif » pour les monoplaces. La volonté de rendre les voitures plus rapides de 5 à 6 secondes au tour en moyenne.

Alors que l’association des pilotes a également lancé ce jeudi une enquête auprès des fans pour recueillir leurs suggestions, ces mesures pourraient être définitivement adoptées lors du prochain conseil mondial de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) pour une entrée en vigueur à l’orée du championnat 2017. « Ça fait six mois qu’on discute des changements sans rien faire de concret. Mais si on décide rapidement de faire quelque chose pour 2017, c’est possible, explique Cyril Abiteboul, patron de Renault Sport F1. La F1 doit rester spectaculaire. Il faut que les pilotes s’attaquent en permanence et ce n’est pas ce qu’on a aujourd’hui. Mais arriver à le prendre en considération sans rentrer dans des dépenses faramineuses n’est pas facile. On recherche cette recette miracle mais personne ne l’a encore trouvée. La F1 est un produit qu’il faut penser en tant que tel. Il faut analyser ce que les fans cherchent et à avoir une réponse adaptée et positionnée sur une échelle de temps suffisamment longue. »

Prost : « On est à la fin d’un cycle et il faut reconstruire »

Quadruple champion du monde, Alain Prost va dans le même sens : « La réflexion globale sur ce que doit être la F1 à l’horizon 2017 me paraît tout à fait naturelle. Mais c’est compliqué. On peut changer les choses mais il faut que ça coûte moins cher. La notion de spectacle doit aussi être mise en exergue. Les pilotes doivent être mis à plus rude épreuve. Sur ces axes, l’esprit me semble être là. Il n’y a pas assez de spectacle et la technologie ne vient pas remplacer l’ADN pure de la F1. C’est une vraie déception et il faut réfléchir par rapport à ça. On est à la fin d’un cycle et il faut reconstruire. Quand je regarde un Grand Prix en fan, je me dis que c’est moins intéressant. Tout est limité par les restrictions du règlement. »

Et ces nouvelles propositions alors ? De bonnes idées ? Certains les voient comme trop « à l’ancienne ». Comme une volonté de faire du neuf avec du vieux. Une certitude : si la prise de conscience des instances paraît positive, les nuances à apporter sont nombreuses. « Il y a à boire et à manger. Se mettre d’accord sur l’objectif à atteindre, c’est facile. La difficulté se trouve sur la façon d’y arriver », estime Cyril Abiteboul. Romain Grosjean, le pilote Lotus, embraie : « Il faut voir les pour et les contre ». Et ne pas oublier au milieu de tout ça de rappeler au public ce que reste la F1. « Les courses sont assez animées, juge Grosjean. On voit de belles bagarres aux avant-postes. Mais on a peut-être perdu l’impression que ce sont des voitures qui vont extrêmement vite avec des pointes de vitesse jamais atteintes auparavant. » Prost ne dit pas mieux : « Ce qui se passe en réalité n’est pas ce qu’on voit. Le pilote a toujours une importance considérable. Et technologiquement, les voitures sont fabuleuses. Mais on a donné un message à l’extérieur qui n’est pas le bon. »

A.H. avec L.A. et A.A. à Monaco