
Zango bat le record du monde de triple saut en salle de Tamgho, son entraîneur
Hugues-Fabrice Zango dans l’histoire. A 27 ans, le Burkinabé entre dans la légende de l’athlétisme en devenant le nouveau recordman de triple saut en salle grâce à un saut à 18,07m. L’athlète a établi cette marque historique à sa 6eme et dernière tentative ce samedi lors du meeting d’Aubière, dans la salle malheureusement vide du Stadium Pellez de Clermont-Ferrand. En salle, Zango est le premier athlète à sauter au-delà des 18 mètres (outdoor, le record de Jonathan Edwards est de 18,29m). Il efface des tablettes son entraîneur, un certain Teddy Tamgho. Il y a dix ans lors des Europe à Bercy, le Français avait été l’auteur d’un saut record à 17,92m.
Il détenait le record d'Afrique en salle
Ce nouveau record du monde, le champion tricolore reconverti coach l’avait senti venir. "Je ressens de la fierté bien sûr, même en tant qu’ancien détenteur, a-t-il commenté à RMC Sport. Il n’y a pas beaucoup plus beau que de voir l’élève dépasser le maître. Et puis, on le savait qu’il allait battre le record, tous les indicateurs à l’entraînement le montraient. C’est un 'jeune' triple sauteur encore. Il a vraiment commencé le triple saut à 20 ans, puis s’est entraîné de manière sérieuse depuis qu’il a intégré mon groupe en 2018, avant ça il était un peu en free lance. Hugues est en constante progression. Et avant de penser à rebattre ce record, je veux déjà qu’il confirme autour de cette marque de 18m, afin de réduire le delta et de penser à aller de plus en plus loin."
Samedi, Zango s’est adjugé la victoire et le record grâce à quatre essais sur six validés dans un concours de très haut niveau en mode crescendo (17,33m, 17,61, 17,70 et 18,07). Le sauteur du Burkina Faso avait déjà commencé la saison 2020 très fort avec il y a un moins d’un an le record d’Afrique en salle (17,77m) réalisé lors du meeting de Bercy. Son record en plein air est de 17,66m.
De quoi faire naître des appétits en vue de Tokyo. "Je passe de possible médaillable à la lutte pour la médaille d’or. Franchir le cap des 18m c’est une barrière mentale qui s’effondre, estime Zango. Je suis le seul en salle à l’avoir dépassé. Mon nom est au-dessus de tous les autres grands athlètes! Et j’ai regardé le saut de mon record avec le coach, on a vu des choses à améliorer. Je vais me concentrer là-dessus pour le reste de la saison."
Tamgho : "Quand l'élève dépasse son maître"
C’est enfin la consécration pour celui qui sera très attendu aux prochains Jeux olympiques de Tokyo. Sociétaire de l’Artois Athlétisme après être arrivé en France en 2015, il brille aussi bien sur les pistes que dans les études. Le médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha en 2019 prépare ainsi une thèse en génie électrique. Ses facilités pour l’apprentissage ont vite impressionné Teddy Tamgho qui l’a accueilli dans sa structure en 2018: "Le fait d’avoir suivi des études lui permet d’intellectualiser l’entraînement, d’avoir une compréhension plus fine et une vision plus précise de son art, indiquait le coach français dans les colonnes du Monde au mois de septembre. C’est un boulimique de travail, toujours à 200 %, et un scientifique. Il faut savoir parler sa langue."
Objectif médaille d'or à Tokyo ?
Après l’exploit de son athlète, il a salué sa performance sans en rajouter: "Quand l'élève dépasse son maître. Nous savions déjà que le record devait tomber. Maintenant on repart au boulot car il ne faut pas s'arrêter là", a tweeté Teddy Tamgho avec les JO dans un coin de sa tête. "Il faisait déjà partie des meilleurs, Zango a fait 3e aux derniers Mondiaux avec la meilleure marque de l’histoire pour un médaillé de bronze. Il fait partie de la famille des 18m, celle des plus grands de tous les temps. Pour Tokyo, bien sûr qu’il peut nourrir des espérances mais en tant que coach, je me dois de rester pragmatique. Le Japon, c’est encore loin, dans plusieurs mois, Hugues est "jeune" athlète. Et puis nous avons d’autres problèmes logistiques à gérer en ce moment que de penser déjà aux JO."