Tamgho, un silence qui dérange

Officiels, athlètes ou consultants… Tous condamnent l’agression commise par Teddy Tamgho, tout en restant prudents quant aux suites de cette embarrassante affaire. Du côté de l’intéressé ou de son clan, c’est pour l’instant le silence radio.

Les nombreux coups de fil sont restés sans réponse. Au lendemain du récit de Glodie Tudiesche, la jeune athlète de 19 ans agressée par Teddy Tamgho, le triple-sauteur comme ses proches étaient injoignables. Sa seule réponse à ce jour reste ce rap plutôt pathétique publié sur YouTube en milieu de semaine, une défense insuffisante face à la dureté des propos de sa victime. « Selon son agent, il ne s’expliquerait sur cette affaire qu’après les JO, regrette Maryse Ewanje-Epée, consultante pour RMC Sport. On n’en saura donc pas plus avant l’instruction judiciaire, puisqu’il y a eu plainte au pénal. C’est une histoire entre un homme et une femme, pas entre deux athlètes. »

La frontière entre le pénal et le sportif a été au cœur de toutes les discussions depuis le témoignage accablant de Glodie Tudiesche. Ghani Yalouz, le DTN de l’athlétisme français, se sent les poings liés en attendant que la justice civile prenne le relais : « En tant que DTN, je ne peux m'exprimer que sur le volet sportif. Teddy s'exprimera sans doute d'avantage au pénal. Moi je reste à ma place, c'est tout. Mais je déplore ce qui s'est passé et bien évidemment que ce n'est pas bien. Il faut maintenant attendre la version des faits de Teddy ».

Barras pense au sportif

« A part son rap, on n’a pas entendu Teddy, déplore également Maryse Ewanje-Epée. Il y tourne la chose en dérision et ça me fait un peu tiquer. Ma première réaction, en tant que femme et non athlète, c’est qu’on n’agresse pas une fille, quelle que soit la raison. Après, je ne peux pas me prononcer sur la teneur de l’agression. »

Personne ne s’y risque pour l’instant, même si la Fédération a interdit Teddy Tamgho de compétition pour six mois ferme (et six avec sursis). Ce que le décathlonien Romain Barras trouve dommage : « Je ne vois pas l’intérêt d’interdire un garçon qui va faire une médaille aux Jeux parce qu’il a eu une altercation avec quelqu’un. Je ne le dédouane pas, ce qu’il a fait est très mal, on ne frappe pas une femme. Mais est-ce que ça doit dépasser sur l’aspect sportif ? A mon humble avis, non. »

S.B. avec C.P.