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Sylvain L., victime de Tamgho : « Ce qu’il a fait est affolant »

Tamgho, mis en cause par une de ses victimes

Tamgho, mis en cause par une de ses victimes - -

Cet entraîneur régional était à Boulouris le 16 octobre dernier quand le triple sauteur a agressé la jeune athlète niçoise Glodie Tudiesche. Lui-même violenté, il a été le seul témoin entendu par la commission de discipline de la Fédération française d’athlétisme. Il parle pour la première fois.

Les faits
« Je n’ai pas assisté au ‘premier acte’, puisqu’on va dire que l’histoire s’est déroulée en plusieurs actes. Je suis intervenu à partir du moment où quelqu’un est venu dans une salle de réunion où je me trouvais pour chercher du secours. On venait de finir une formation quand quelqu’un est venu nous chercher en nous disant que Glodie était en train de se faire frapper. Moi et d’autres personnes présentes sommes sortis et avons vu Glodie en grande difficulté face à Teddy Tamgho. On a vu Glodie au sol, et Teddy la maintenait par les cheveux en la menaçant. Je n’ai pas vu ce qu’il s’est passé auparavant, je n’ai pas été témoin des coups qu’il a portés sur Glodie. A partir du moment où on est arrivé, il l’a lâché. Puis il s’est énervé, il s’est une nouvelle fois jeté sur elle. C’est à ce moment-là que je suis intervenu. On est tombé au sol, il a essayé de me porter des coups, c’était une bagarre très violente. Je suis intervenu pour éviter à Glodie de prendre encore des coups. On a été séparé. Pour moi, même si tout le monde était choqué, l’histoire était finie. Un collègue est parti chercher sa voiture pour me raccompagner à mon véhicule. C’est en discutant avec les filles qui étaient là pour essayer de comprendre ce qui s’était passé que Teddy est revenu à la charge. Il s’est directement dirigé vers moi. On est reparti au sol. J’ai pris des coups de pieds dans la tête et au visage. C’est pour cela que j’ai décidé de porter plainte. On a été de nouveau séparé, mon collègue est arrivé en voiture pour m’emmener au poste de police de Fréjus. Tout cela a duré un bon quart d’heure, en milieu d’après-midi vers 16 heures. »

L’état de Tamgho
« Personne n’arrivait à le calmer. Il était hors de lui. On peut parler d’état second, je ne sais pas s’il a ‘pété un câble’ mais c’était quelqu’un qui n’était pas en état de discuter. Il y a avait beaucoup de monde qui essayait de le raisonner, mais c’était impossible. On était une dizaine de personnes autour de Glodie. Avec les amis de Glodie, je n’ai pas eu le temps d’approfondir la discussion, j’ai juste compris qu’il y avait eu un gros problème. Je ne connaissais pas Tamgho. Je suis un entraîneur de niveau régional, et j’entraîne aussi dans un club de la région. »

L’audition devant la commission de discipline de la FFA
« Ça a duré une petite heure, le temps que chaque partie s’explique. J’ai d’abord parlé, puis Teddy. Je n’étais pas d’accord avec sa version des faits. Il ne reconnait pas l’importance des faits. Il dit qu’il n’y a pas mort d’homme, mais il ne s’aperçoit pas de ce qu’il a été capable de faire. Banaliser la violence comme ça… Il n’y a pas eu d’animosité de sa part. C’était une histoire contre une autre histoire. Il est parti sur quelque chose de diamétralement opposé. La commission a estimé que les faits étaient avérés. Huit témoins vont dans le sens de Glodie et de moi. »

La sanction de la FFA
« La sanction la plus importante, c’est les trois ans de mise à l’épreuve. Pendant trois ans, il va devoir se surveiller. Dans six mois, il y a les Jeux, on imagine ce que ça représente. Il y a un décalage entre la symbolique des JO et ce type de comportement. »

Le rap de réaction de Tamgho
« Cette vidéo a été une grande surprise. S’il est conseillé, il est très mal conseillé. Il aurait dû faire profil bas, faire des excuses. Ce qu’il a fait est affolant. C’est grave parce qu’il ne comprend pas ce qui s’est passé. Or ça s’est passé. Il doit prendre ses responsabilités, et ne pas revenir à la charge. Il est à côté de la plaque. »

Les suites judiciaires
« Trois plaintes ont été déposées. J’attends d’être convoqué. J’ai pris des coups, mais je m’en sors mieux que Glodie. C’est elle qui en a pris le plus. Elle a eu une ITT (interruption temporaire de travail, ndlr) de huit jours, moi de deux. Quand j’ai porté plainte, ce n’était pas sur un coup de colère, c’était en raison de la gravité de la situation. Quand il m’est retombé dessus, on ne pouvait plus dire que c’était un coup de sang de sa part. »

RMC Sport essaye depuis plusieurs jours d’obtenir la réaction de Teddy Tamgho, sans succès. Même chose pour Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme.