Saga Africa

Dimanche, une dizaine de Kenyans et Ethiopiens sera au départ du marathon de Reims. Un grand classique pour les courses sur route en France. Mais comment expliquer une telle présence ? Décryptage avec René Auguin, l’homme sans qui rien ne serait possible.

Après les 2h06’35 réalisés l’an passé par le Kenyan Mariko Kipchumba, les organisateurs du marathon de « Reims à toutes jambes » ne voulaient pas décevoir pour leur 30e édition. Du coup, c’est un plateau de luxe qui s’élancera ce dimanche du parvis de la Cathédrale, avec 9 coureurs éthiopiens et kenyans qui devraient se disputer la victoire finale. Un grand classique, serait-on tenté de dire puisque les plus grandes courses en France sont trustées depuis des années par ces coureurs venus des Hauts plateaux. Mais comment expliquer cette récurrence ? Comment expliquer une telle présence massive et désormais devenue quasi rituelle ? Pour que cela soit possible, un homme se cache derrière ces athlètes africains. Et négocie en coulisses. Et pas que pour le marathon de Reims…

Cet homme, c’est René Auguin. La botte secrète des organisateurs. Agent de la plupart des athlètes français (parmi lesquels Lavillenie, Lemaitre,…) via sa société Dana Sport, ce passionné de 53 ans s’occupe également de constituer les plateaux d’une quinzaine de marathons en France. Les plus importants évidemment. « Les organisateurs de ‘Reims à toutes jambes’ ont fait un appel d’offres, auquel j’ai répondu en proposant mes honoraires, explique-t-il. Ils m’ont demandé de sélectionner le meilleur plateau élite possible. Etant donné que je connais tous les agents des athlètes éthiopiens et kényans, je leur ai envoyé la grille de primes de ce marathon, et ils m’ont renvoyé les noms des coureurs qui étaient intéressés. »

Un carnet d'adresses très rempli

Une fois que René Auguin est en possession des noms et de leur biographie, il effectue « des choix en fonction de leurs performances, si elles sont récentes ou pas notamment », puis envoie sa propre liste aux organisateurs. Et le tour est joué ! Si le « process » est aussi simple, c’est parce que cela fait une quinzaine d’années que cet agent au très épais carnet d’adresses gère la venue des meilleurs marathoniens en France. Mais aussi des meilleurs pistards et athlètes lors des réunions d’athlétisme, dont le très huppé meeting Areva au Stade de France. « Je peux gérer à ma façon car je suis arrivé à un stade où les gens me font confiance, confie cet ancien président de club francilien. Une fois que j’ai fourni le plateau, il n’y a jamais de problème car ils savent que je fais toujours de mon mieux. »

Et surtout, tous savent que personne ne pourra faire mieux… C’est en effet le seul en France à jouir d’aussi bonnes relations avec les agents -essentiellement américains ou européens- des athlètes africains. Du coup, il n’a même pas besoin d’effectuer d’incessants aller-retour entre le Vieux-Continent et l’Afrique. « Je n’ai pas besoin d’y aller vu que je connais déjà tout le monde », s’amuse celui qui ne s’est rendu qu’une seule fois au Kenya. Ses protégés africains, eux, commencent à connaître la France comme leur poche.

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Guillaume Depasse (avec GM)