
RMC Running : peut-on courir le marathon en moins de deux heures ?

Wilson Kipsang - -
Comment descendre sous les deux heures ?
Cette barrière a un côté symbolique, un peu extraterrestre. C’est un fantasme pour les coureurs. Pour descendre en dessous, il faudrait courir 2 % plus vite que le record actuel (2h03’23). Il est de 2’54 par kilomètre. Il faudrait courir 2’50’’5. Ça ne parait pas grand-chose. Mais si on transpose ça au 100 m, c’est comme si on demandait à Bolt, sur 100 m, de faire 9’’38 ou 9’’39.
Quelle préparation doit-on privilégier pour réaliser cet exploit ?
C’est vraiment le style de coureur et sa préparation qui peuvent faire la différence. On vient plus tôt et avec des prédispositions sur la piste. Il y a la technologie bien sûr. Aujourd’hui, on soigne certaines blessures qui venaient interrompre de manière définitive des carrières. Ça permet de durer et d’accumuler et l’expérience et le travail pour arriver à ce niveau de performance qui parait surréaliste aujourd’hui.
Un profil-type peut-il être une aide ?
Dans toutes les disciplines de l’athlétisme, c’est la puissance qui prédomine. En gros, ce que vous êtes capable de faire sur la distance inférieure. Quand vous êtes un coureur de 400 m, il faut être un gros sprinteur sur 200 et travailler après sur votre endurance pour devenir un bon coureur de 400. Quand vous êtes un bon coureur de 400, c’est difficile de devenir un excellent coureur de 200. On a une génération aujourd’hui de très bons athlètes qui sont de vrais pistards, avec de très bons chronos et qui s’attaquent au marathon. C’est ça qui peut permettre, à terme, d’imaginer que la barre des deux heures tombe.
Dans combien de temps ce record peut-il tomber ?
La barre des 2h03, on va y arriver assez vite. L’année prochaine ou l’année suivante. Vingt secondes, ce n’est pas grand-chose et, petit à petit, ça va aiguiser les appétits. 2h02 ? On va y passer un petit peu plus de temps. Et je ne vous parle pas des deux heures. Est-ce qu’on sera là pour le voir ? En même temps, si on prend le 100 m, qui aurait dit qu’il verrait de son vivant 9’’58 ? Moi je ne pensais pas voir tomber les 19’’32 de Michael Johnson. Son record n’aura duré que 12 ans. La barre des deux heures ? J’y crois. Mais je pense que ça va mettre du temps. C’est un peu comme l’Everest. Ce sont les derniers 100 mètres qui sont très, très difficiles. Là, on est quand même sur un niveau très, très relevé. Je dirais… oui mais dans une quinzaine d’années.
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