RMC Sport

Muriel Hurtis : « Amsalem descend les athlètes au lieu de les soutenir »

Muriel Hurtis

Muriel Hurtis - -

Muriel Hurtis a terminé sa saison aujourd’hui lors de la finale mondiale à Stuttgart. Elle en a profité pour parler du malaise de l’athlétisme français et critiquer certaines méthodes.

Muriel Hurtis, qu’est ce qui ne va pas dans l’athlétisme français ?
On manque de relève, on manque de jeunes, derrière il n’y a pas forcément de jeunes talents qui arrivent. Ca se passe à l’école. Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. Les repérages ça se fait à l’école. Les enseignants il faut qu’ils soient intéressés. Il faut qu’il y ait un petit peu plus de sport dans l’année scolaire. A deux heures de sport par semaine, on ne va pas aller très loin.

Le discours des entraîneurs est à changer pour rendre les jeunes élèves plus hargneux dans leur façon d’aborder les compétitions ?

Il y a beaucoup d’entraîneurs qui ne croient pas forcément en leurs athlètes. Je trouve ça dommage. J’ai l’exemple d’un athlète qui voulait être sélectionné aux Jeux en individuel. Il ne l’a pas fait de très peu et son entraîneur n’y croyait pas. En tant qu’athlète entendre ça de la part d’un entraîneur, si l’entraîneur n’y croit pas, c’est difficile que l’athlète lui-même y croit. Il faut que les entraîneurs aient plus confiance dans leurs athlètes et qu’ils aient un mental de gagnant. Ca peut se faire dès maintenant. Au plus jeune âge tout est faisable.

Il faut arrêter que les entraîneurs se tirent dans les pattes ?
C’est navrant à voir que les entraîneurs se tirent dans les pattes. Nous les athlètes on est au milieu de tout ça, comment voulez-vous qu’on s’en sorte si à la base les entraîneurs n’arrivent pas à s’entendre ? Que des entraîneurs souhaitent l’échec d’un athlète parce qu’il est avec tel ou tel entraîneur c’est navrant. On devrait vraiment être uni et soudé pour aller de l’avant. Il faudrait créer une émulation de groupe mais il n’y a pas ça en ce moment.

Il faudra combien de temps pour que l’athlé français s’en sorte ? C’est une question très difficile. Je suis incapable de répondre à cette question mais j’espère que ça arrivera vite. On va de plus en plus mal, l’athlétisme est sur une pente glissante. J’aime mon sport. J’ai envie que tous les athlètes reviennent au meilleur de leur forme et qu’ils puissent apporter toute la joie qu’ils ont apporté dans le passé. Il y a un manque de communication entre la fédé et les athlètes. Je pense surtout entre le président et les athlètes car on n’a pas souvent l’occasion de le rencontrer ou de discuter avec lui. Quand j’entends ses derniers propos en descendant ses athlètes au lieu de les soutenir. Il dit qu’il mettra des minimas encore plus élevés. Je trouve ça vraiment désolant. Je pense que ce n’est pas comme ça qu’on y arrivera. Quand des jeunes voient des minimas comme ça, ils se disent que ce n’est pas la peine. Ils baissent les bras, ils n’y croient pas. Quand il y a des sportifs qui connaissent le haut-niveau et qui courent après les minimas toute l’année, qui arrivent au mois de juillet épuisés, ils ne font pas de résultat en championnat, il faut se poser les bonnes questions. Je trouve ça dommage que les athlètes ne peuvent pas plus parler avec lui.