Lemaitre fait tomber le masque

Tête de gondole de l’athlétisme tricolore, Christophe Lemaitre n’a pas toujours été cité en exemple. Objet de nombreuses moqueries lorsqu’il était au collège, le sprinteur a accepté de devenir l’ambassadeur de la campagne de lutte contre le harcèlement à l’école.

La démarche est courageuse, et pas banale de la part d’un sportif de haut niveau qui incarne aujourd’hui une certaine forme de toute puissance physique. Après s’être longtemps retranché derrière le silence et son image de star sans vague du sport français, Christophe Lemaitre, qui avait déjà fendu l’armure sur le sujet il y a quelques mois, a décidé d’être l’ambassadeur de la campagne de lutte contre le harcèlement à l’école, lancée ce mardi par Vincent Peillon, le ministre de l’Education nationale. Et de témoigner.

« Ca a duré quatre ans, pendant mes années collège, a-t-il raconté sur BFM TV. J’étais sujet à des moqueries par rapport à mon physique, parce que je zozotais un peu. J’étais aussi quelqu’un de très réservé, un peu dans son monde, dans sa bulle. Ils me prenaient pour quelqu’un de différent, ils pensaient que j’étais débile. Je me sentais mal dans ce collège. Je ne voulais pas qu’on me prenne pour quelqu’un à problèmes qui va voir ses parents ou quelqu’un d’autre car il ne sait pas se débrouiller seul. Ca m’a poursuivi jusqu’à la fin de mes études au collège. J’aurais préféré en parler. Du coup, les profs auraient peut-être fait quelque chose… »

Libérer la parole

Libérer la parole, sortir du mutisme, être aidé, en parler avant qu’il ne soit trop tard : tel est tout l’enjeu de cette campagne nationale contre le harcèlement qui, d’après les statistiques, concerne 10 % des écoliers et des collégiens. Et 6 % d'entre eux subissent un harcèlement que l'on peut qualifier de sévère à très sévère. « Victimes, témoins, équipes éducatives, parents : on peut tous agir contre le harcèlement », clame le triple champion d’Europe 2010 dans un clip de sensibilisation dédié à cette cause. « Il faut savoir en parler et rester fort durant cette épreuve sinon on ne s’en sort pas tout seul et ça ne fera qu’empirer », poursuit-il.

« Sauvé » en partie par le sport qui l’a aidé à surmonter ce complexe, mais aussi à se faire respecter et à prendre l’ascendant sur son destin, Christophe Lemaitre prouve, à travers cette campagne, que l’on peut être un champion et avoir des failles. Que l’on peut susciter l’admiration sans jouer de rôle. Que l’on peut être humain, tout simplement. Sans fard ni masque.

GM