Lavillenie fait sauter Inocencio

Tout juste champion olympique à Londres, le perchiste français Renaud Lavillenie a décidé de se séparer de Damien Inocencio, entraîneur qui le menait vers les sommets depuis 2008, pour rejoindre Philippe D’Encausse. Une décision dont la soudaineté étonne.

Sous la coupe de Damien Inocencio depuis 2008, Renaud Lavillenie a remporté tous les titres à la perche, à l’exception des Mondiaux en plein air (championnat d’Europe, Diamond League, Mondiaux en salle, Jeux Olympiques). Un peu plus d’un mois après son sacre olympique, le perchiste français a pourtant décidé de rompre cette collaboration à succès pour rejoindre Philippe d’Encausse. « Quand il m’a contacté, je suis tombé de ma chaise. Je suis quelqu’un d’assez cartésien et lorsque ça marche je ne vois pas de raison de changer, juge le nouveau coach de Lavillenie. Après, j’ai été athlète de haut niveau et je comprends que parfois, lorsque l’on veut continuer à avancer, il faut changer des choses. »

L’athlète clermontois aurait simplement signifié à son entraîneur la fin de leur histoire commune mercredi à son retour de vacances. « Renaud ne m'a pas remercié, il m'a montré la sortie, il m'a dit qu'il ne voulait plus s'entraîner avec moi », témoigne Inocencio. Cette attitude interroge, d’autant plus que Lavillenie n’avait jamais manifesté son mal-être, pourtant existant. « Renaud ne lui reproche pas grand-chose au niveau sportif mais plus au niveau personnel, du comportement, du mode de fonctionnement, croit savoir Gérald Baudoin, référent de la perche en France, qui s’est entretenu avec l’Auvergnat. Il a envie de changement, il voulait peut-être des choses plus professionnelles dans l'entraînement, un groupe un peu moins important. » 

Son nouveau coach préfère lui se projeter dans le futur, dans la lignée du travail effectué par son prédécesseur. Appartenant au pôle France et entraînant à Clermont, il connaît bien son protégé. « Il a fait de belles choses avec Damien pendant 4 ans, avec d’excellents résultats. A moi de réfléchir sur ce que je peux lui apporter pour continuer à progresser, expose D’Encausse. Son objectif est de battre le record du monde. On faisait déjà des séances techniques ensemble à Clermont-Ferrand donc il n’y aura pas de révolution. »

Inocencio dans la panade

Chez Damien Inocencio, ancien protégé de… Philippe D’Encausse, la surprise a laissé place à l’inquiétude sur un avenir qui s’assombrit. C’est dans ce contexte qu’il devait renégocier son contrat, fruit d’un accord entre la Fédération française d’athlétisme et le Conseil Général d’Auvergne, hier. « J’aurais aimé que Renaud attende un peu histoire que ma situation soit réglée et qu’il prenne une décision un petit peu plus intelligente. Ce sont les problèmes d’intelligence de Renaud, ça ne me concerne plus, considère Inocencio. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de savoir si l’entraîneur d’un champion olympique est meilleur en tant qu’agent d’accueil du Conseil Général… ».

Avant de prendre en charge Lavillenie en 2008, le technicien de 35 ans occupait ce poste à plein temps et ne sait pas vraiment à quelle sauce il va désormais être mangé. « Je ne sais pas trop ce que je peux demander et ce que la Fédération voudra de moi. Parce qu’elle avait comme intérêt que j’entraîne Renaud et que l’on gagne des médailles et tout ce qui va avec, déclare, lucide, l’ancien perchiste. On verra si en France on sait remercier comme il se doit l’entraîneur d’un champion olympique. » Toujours à la tête d’un groupe d’athlètes à Clermont-Ferrand, Inocencio attend un appui de la Fédération. Et pense à rejoindre l’étranger s’il n’est pas satisfait. Pendant ce temps, Renaud Lavillenie a refusé de s’exprimer en marge du match Clermont – Stade Français, duquel il donnait le coup d’envoi.

Jérôme Carrère avec François-Xavier de Chateaufort