
La doyenne des courses n’a pas pris une ride

Le départ de Sedan-Charleville en 2007. - -
Depuis 1906, Sedan-Charleville n’a rien perdu de son charme. Chaque année début octobre, plus de 50 000 Ardennais communient après le déjeuner, pour venir applaudir et encourager les coureurs de la plus vieille course de ville à ville de France. Seuls ou en famille, en couple ou entre amis, ils viennent pour perpétuer cette tradition inébranlable, qui depuis plus de 100 ans est devenue un rendez-vous incontournable de la région. Ce dimanche, la 93e édition de cette classique débutera à 14h et 2 500 engagés prendront le départ de cette épreuve longue de 24,3 km. Loin, très loin des 14 pionniers du début du siècle passé.
Lors de la première édition en 1906, les rares épreuves de course à pied se déroulent à Paris et du coup, seuls 14 coureurs du coin sont au départ de cette nouvelle épreuve organisée par « Le Petit Ardennais », un journal local disparu en 1944. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est plutôt de part et d’autre des chemins de terre qui font office de route. « Ça a été un succès immédiat, raconte Robert Cordelette, auteur de " Sedan-Charleville, la centenaire !". Un véritable phénomène social était né. » Et il n’a fait que monter en puissance.
Comme sur les routes du Tour de France
« En 1920, les coureurs n’ont même pas pu franchir la ligne d’arrivée, poursuit Robert Cordelette. Il y avait tellement de monde aux abords de la ligne d’arrivée que l’organisation a dû l’avancer. Alors qu’il n’y avait qu’une petite trentaine de concurrents… » Une ferveur populaire jamais démentie au fil des époques. Vainqueur de l’épreuve en 1959 et 1960, le légendaire Alain Mimoun récemment disparu déclarait qu’il se « croyait sur le Tour de France » lors de la dernière montée, une longue rue très étroite où s’empilent les spectateurs.
Même si la course a dû être interrompue durant les deux guerres mondiales, elle a redémarré à chaque fois sous la pression de « la demande populaire », souligne Cordelette. Et aujourd’hui, les fidèles se comptent toujours par milliers. Damien Labroche, marathonien originaire de Sedan, se souvient de son mano a mano de 2009 avec Philippe Deville, un habitué de la course : « Toute la foule criait, il y avait une ambiance de fou que je n’ai jamais connue autre part. » L’histoire continue.