RMC Sport

La course à pied gagne du terrain

La course à pied compte de plus en plus d'adeptes.

La course à pied compte de plus en plus d'adeptes. - -

Depuis la rentrée, la course à pied semble avoir fédéré de nouveaux adeptes. Les grandes courses affichent complet ou battent des records d’affluence, les parcs et trottoirs regorgent de coureurs. Décryptage d’un phénomène de société qui explose.

Paris-Versailles il y a deux semaines : complet. Run in Lyon le week-end dernier: record de participants. 20 km de Paris ce dimanche : inscriptions closes. Depuis la rentrée, la « running fever » semble s’être furieusement emparée de nouveaux adeptes. Avec des pics de pratique, notamment à l’heure de quitter le travail où l’on remarque de plus en plus de coureurs battre le pavé. Mais comment expliquer une telle « épidémie », un cran supérieur au phénomène de société observé depuis une quinzaine d’années ? En croissance constante. Les hypothèses sont multiples.

A commencer par la sinistrose ambiante, tentée de crise économique, de pression fiscale et de dureté sociale. Bref, un climat lourd et plombé qui nécessite qu’on s’aère l’esprit. Alors quoi de mieux que la course à pied, sport universel et gratuit. « Les gens ont besoin de se déstresser, de se défouler et de se libérer de la pression du quotidien, analyse Virgile Caillet, directeur de KantarSport. On retrouve ces dimensions dans la course à pied, car on a cette notion de liberté. »

Une floraison de courses partout en France

La notion de bien-être physique et mental joue également un rôle clé dans cette pratique massive et grandissante. « La course à pied ou la marche rapide est bénéfique car elle fait travailler le cœur, explique Michel Cymes, médecin et présentateur du Magazine de la Santé sur France 5. » Et c’est tellement facile d’accès : une paire de runnings, un short et un tee-shirt, et c’est parti ! Jérôme, nouveau coureur régulier de 34 ans qui prendra le départ des 20 km de Paris, en sait quelque chose, lui qui fait partie de cette nouvelle vague de pratiquants. « J’ai arrêté de fumer il y a un mois et demi, et je me suis mis à courir régulièrement. Désormais, je ne peux plus m’en passer. Pour mon bien-être et la perte de poids, le footing est le meilleur moyen. »

La demande est donc très forte, et l’offre en matière d’épreuves chronométrées s’accroit en conséquence. Et à l’heure où la confiance personnelle est au plus bas, il est toujours rassurant de se fixer des objectifs et de relever des défis. Mais comme un coureur occasionnel ne peut s’aligner tête baissée sur marathon, de nombreuses course au format inférieur (de 5 km au semi) fleurissent partout en France. Et la plupart font le plein d’inscriptions. « Hormis les deux ou trois plus gros marathons, les courses de 42,195 km attirent de moins en moins de monde, constate Thibault Vellard, responsable de l’organisation des épreuves running chez A.S.O. Il faut donc d’autres courses en parallèle des marathons pour attirer du public. » A l’instar de Run in Lyon ou de Reims à toutes jambes, où plusieurs courses sont programmées au cours de la même journée. Et réalisent un carton en termes d’affluence.

Y'a pas que le macadam dans la vie !

Enfin, quoi de mieux que de joindre l’utile à l’agréable, à savoir suer et se dépenser tout en contemplant des monuments historiques ou en traversant des lieux d’ordinaire réservés à la circulation. « Il n’y a que la course à pied qui offre la possibilité de découvrir les monuments d’une ville avec les routes fermées », poursuit Thibault Vellard. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des courses emblématiques comme les 20 km de Paris font un tabac.

« Ce marché risque de croitre fortement ces prochaines années, pronostique Jean-Philippe Allaire, membre du comité d’organisation des 20km de Paris. Notamment grâce à l’élargissement des pratiques de la course à pied ». Des courses très ludiques avec obstacles, batailles de peinture, déguisements, esprit commando ou dans la boue, comme le « Mud Day ». Ou encore nature, comme les incontournables trails qui attirent de plus en plus de monde. Et fédèrent une nouvelle population de runneurs. La course à pied a décidemment de beaux jours devant elle.

Guillaume Depasse (avec GM)