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Joseph Le Louarn : 82 ans et toutes ses jambes !

A partir de dimanche 5 avril, et à 82 ans, Joseph Le Louarn participera à son 8e Marathon des Sables.

A partir de dimanche 5 avril, et à 82 ans, Joseph Le Louarn participera à son 8e Marathon des Sables. - Cimbaly/V.CAMPAGNIE©MDS2015

Le 30e Marathon des Sables débute ce dimanche 5 avril. Parmi les athlètes engagés, un pas tout à fait comme les autres en la personne de Joseph Le Louarn, 82 ans, qui sera le doyen de cette édition. Toujours vif et alerte, ce papy bondissant ne compte pas faire de la figuration même s’il envisage de tirer bientôt sa révérence.

Le monde est son terrain de jeu. Joseph Le Louarn, seul ‘’vétéran 5’’ (comprendre participant de plus de 80 ans) du 30e Marathon des Sables qui débute ce dimanche 5 avril, n’est pas peu fier de son futur exploit. . « Après, je bomberai un petit peu le torse en disant « qui veut y aller jusqu’à 82 ans ? » (il fêtera ses 83 ans le 24 mai prochain, ndlr), s’amuse-t-il. C’est le jeu. » Le jeu de la course, Joseph Le Louarn le connaît sur le bout des pieds même si on pourrait croire, au premier abord, qu’il est tombé dans la marmite de la course dès son plus jeune âge. Pourtant, cette passion s’est révélée relativement tard.

« Dans ma vie professionnelle, je n’avais pas le temps de pratiquer le sport, raconte-t-il. A la cinquantaine, ma carrière m’a amené à travailler en Nouvelle-Calédonie, où je me suis inscrit dans une association qui se baladait sur la Grande Terre, en dehors de Nouméa. Pendant trois ans, on a fait des promenades, des sorties familiales, et de temps en temps des sorties sportives. Ça me plaisait bien ».

« Fais attention à toi, tout peut arriver à ton âge ! »

Piqué par le virus du sport et de la course à pied en particulier, il était écrit qu’il ne s’en déferait plus. De retour en métropole, il commence par crapahuter du côté de Briançon, dans l’arrière-pays de Provence, et en profite pour parfaire sa culture du milieu grâce au journal Jogging International. Dès lors, presqu’aucune course ne lui échappe. Outre les 100 km de Millau auxquels Joseph Le Louarn a participé « 12 ou 14 fois », le retraité bondissant s’aligne sur plusieurs trails et marathons (UTMB, CCC, Saintélyon...). Côté raid, il est tout à fait flexible, comme le prouvent ses participations au Grand Raid de la réunion ou dans le désert d’Atacama, au Chili.

Courageux mais pas téméraire, Joseph Le Louarn consulte régulièrement son cardiologue, qui le suit depuis 2000 et sa première participation au Marathon des Sables. L’athlète observe « de façon irréprochable les traitements » que lui fixe son praticien. Pour lui, mais aussi pour sa famille qui s’inquiète de son trop plein d’énergie et qui n’oublie pas qu’on lui a posé une prothèse de la hanche en décembre 2013, suite au marathon de Nantes. « J’ai une femme et des enfants qui me disent : « Mais qu’est-ce que tu vas foutre ? Fais attention à toi, tout peut arriver à ton âge ! » ». A tel point que le plus dur à gérer pour lui aujourd’hui, ce n’est pas sa condition physique, mais « l’environnement familial qui inciterait à rester à la maison » ! 

L’art de la gestion de la course

Relation de cause à effet ou pas, ce sera « sûrement » son dernier Marathon des Sables. « Mais pas forcément ma dernière course », prend-il le soin de préciser. En 2012, il avait déjà décidé d’arrêter mais « la renommée mondiale » de l’événement et toute la symbolique créée autour de ses 30 ans ont fini de convaincre Joseph Le Louarn de repartir pour un tour. Même à un « niveau modeste », il ambitionne bien sûr « d’aller au bout », mais pas à n’importe quel prix. « Il faut que le corps soit au bon niveau pour le faire mais il faut surtout un bon moral et une bonne gestion de la course, souligne-t-il. Savoir s’arrêter, récupérer, se nourrir, boire, manger du sel. Il faut bien savoir gérer tout ça, donc j’y vais parce que j’aime bien gérer ça, et que ça me fera un challenge supplémentaire ». Sur ce cru 2015, il veillera d’ailleurs tout particulièrement à « bien se protéger les pieds », « ne pas avoir un sac trop lourd » et «débrancher le cerveau de temps en temps, quand ça devient dur».

« Dans ma vie, confesse Joseph Le Louarn, je crois que j’ai toujours aimé le monde actif, les objectifs, l’obstination, la résistance ». Ça tombe bien, le marathon des Sables lui offre tout ça, et plus encore. Grâce à cette course, le vétéran retrouve des valeurs qui lui sont chères, comme l’amitié et la vie de groupe. « On part vendredi avec quatre copains, sous une tente, puis d’autres personnes sans doute. La vie en bivouac, quand on a de bons camarades, il y a une solidarité un peu particulière. On s’entraide, on fait du feu, on va chercher l’eau, on enlève les cailloux, on se soutient, on se soigne ». Une leçon de vie sociale et sportive à méditer.

A.Malonga