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Ice Marathon Antartica : la préparation bien givrée de Boukerchi

Malek Boukerchi.

Malek Boukerchi. - -

C’est un défi que seul lui pouvait relever. Le marathonien Malek Boukerchi, habitué de l’ultra-distance, participera les 20 et 21 novembre au Ice Marathon Antartica. Une course aux allures d’épopée qu’il prépare… en chambre froide !

Marcher à perte de vue. Avancer inlassablement à travers des horizons glacés et des contrées hostiles. Comme un exutoire et une quête existentielle sans fin. Malek Boukerchi, 40 ans, s’est lancé le défi fou de participer prochainement au Ice Marathon Antartica qui aura lieu les 20 et 21 novembre prochains. Cette singulière et inédite épreuve se déclinera en deux courses : le 42,195 km et le 100 km. Ce challenge dément, presque insensé pour le simple commun des mortels, Malek l’a préparé consciencieusement. Pour répondre à cette épreuve au sens strict du terme, le natif de Mulhouse n’a négligé aucun détail dans sa préparation. 

Car cet homme au parcours éclectique - poète, éducateur bénévole de quartier et anthropologue social – s’apprête à parcourir 142 kilomètres par -40°. Une incongruité pour celui qui est d’origine berbère-kabyle et qui habite La Réunion. En marathonien aguerri, Boukerchi s’entraîne depuis fin octobre dans une chambre froide à Rungis afin de s’habituer aux conditions extrêmes qui l’attendent. « La chambre froide est l’étape primordiale et nécessaire pour basculer en conditions réelles. L’enjeu est de recréer ces conditions au maximum avec les températures auxquelles je vais être confronté. Cela me permet surtout d’avoir de l’assurance sur le plan technique », étaye le coureur habitué de l’ultra-distance.

Des footings de nuit

Dans cette fameuse chambre froide où il reste plusieurs heures d’affilée, une soufflerie simule des rafales de vents. Comme un avant-goût du périple mouvementé qui l’attend. « On expérimente déjà la capacité à tenir le corps au chaud. Ce qui est important, car si tu as froid, tu ne peux courir dans la paralysie. Ensuite, voir si en ce qui concerne les extrémités du corps, ça tient car le froid a un fort impact sur les mains et les pieds, avance Boukerchi. Cela permet de savoir ce qu’il faut renforcer sur le plan matériel afin de protéger ces différents éléments. C’est une étape essentielle, fondamentale, voire stratégique de pouvoir tester et partir ainsi en confiance ».

Mouvoir le corps, l’acclimater à des températures inhabituelles, le connaître parfaitement avant d’aller le pousser dans ses extrêmes retranchements. Tel est la ligne directrice tracée par l’intéressé, qui n’en oublie pas pour autant les fondations à savoir le travail d’endurance. En pleine cœur de la nuit, là même où la température est au plus bas, le marathonien a enchaîné les footings. « La première heure, tout se passe bien. La difficulté survient au bout de trois ou quatre heures. Là, le froid commence à s’insinuer de manière insidieuse. Tout doucement… Le but est donc de tester ta fraîcheur mentale et ta résistance au froid. Tu as beau te préparer, avoir ton équipement technique, tu auras froid à un moment donné », confirme-t-il, non sans une once d’appréhension.

Un globe-trotter tout-terrain

« Une paire de baskets et le monde est à toi ». Le credo, incessamment seriné, n’a pas varié d’un iota. Depuis qu’il pratique la course à pied en 1999, cet ancien milieu de terrain défensif de football a avalé les distances sans jamais rechigner. Le désert, la montagne ou l’asphalte, Boukerchi a tout connu. Du marathon de Paris à celui de New York, en passant par la Diagonale des fous ou la Transgaule il y a deux ans. Un véritable globe-trotter tout-terrain.

Son aventure unique dans le froid polaire, Malek Boukerchi ne la vivra pas seul. Ce dernier sera soutenu par l’association WWF France qui lutte pour la protection de l’environnement. Il espère, ainsi, que son effort fasse écho à la question du dérèglement climatique, bien trop oubliée dans l’opinion publique selon lui : « Je ne cours pas pour gagner, mais pour faire passer un message. Nous n'avons qu'une seule Terre et avons donc le devoir de la préserver et de vivre dessus en considérant l'autre comme notre semblable et en dépassant nos différences ». A l’aube de s’engager dans cette folie, le coureur revient sur l’un des facteurs qui accompagne chaque participant de la course : la peur. « Chez nous, on dit : ‘la peur n’a qu’une seule peur, c’est que tu la quittes’. Il faut que ce soit une peur positive, motrice et non qu’elle soit paralysante ». Rendez-vous donc fin novembre pour savoir si, Malelk Boukerchi seul dans l’Antarctique, aura ressenti cette peur. Ou le sentiment d’avoir encore toucher l’irréel. Lire aussi:
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Romain Duchâteau avec Camille Galpi