
Est-il raisonnable de courir lorsqu’il fait froid ?

- - -
Quand il fait froid, on dépense plus de calories. Pour le même effort, la même vitesse et la même durée, on dépense plus. On peut courir, mais il y a des précautions à prendre notamment pour les sujets un peu à risque. Le froid va augmenter l’hyper-tension. Quand on court dans le grand froid, si on est pas bien couvert et qu’il y a pas mal de déperdition calorique par la tête ou par les mains, qu’on oublie de couvrir et qui peuvent échanger énormément avec le milieu environnant, on peut avoir une concentration du sang. Le cœur ne va plus irriguer la totalité du corps. Il va laisser les extrémités avec un peu moins de sang, dans les pieds et dans les mains. On va avoir une pression un peu plus forte, due à cette adaptation au froid et c’est d’ailleurs pour ça qu’on a souvent envie d’aller uriner lorsqu’il fait froid. C’est justement pour éviter cette pression artérielle qui augmente. On va éliminer de l’eau pour avoir un volume circulant qui soit acceptable pour les artères. C’est une adaptation pour faire baisser la pression.
Il faut donc bien se couvrir. Il y a deux raisons supplémentaires au fait de bien se couvrir. Si deux personnes courent ensemble sur une distance donnée, un 20 km par exemple, la personne qui va courir le moins vite devra se couvrir plus. Pourquoi ? Parce qu’elle va passer plus de temps sur la route et donc être exposée au froid. La deuxième raison, c’est qu’elle aura une puissance moins élevée et donc produira mois de chaleur. Tout l’enjeu, c’est d’équilibrer la déperdition calorique liée au froid par de la production de chaleur. Quand vous courez plus vite, forcément vous êtes à une plus grande puissance et donc vous produisez plus de chaleur. Donc si vous courez lentement et longtemps, c’est une raison de bien se couvrir. Autre exemple, pour une personne de 70 kg et pour une personne de plus de 100 kg. Sur la même distance, la personne de plus de 100 kg va dépenser plus. Il a une surface en m² plus importante donc il échange un peu plus, mais il est plus isolé. Si ce n’est que du muscle, il est moins isolé. S’il a une petite couche de gras, il sera un peu plus isolé. »
Des risques qui s’estompent lorsqu’on s’adapte
Lorsqu’il fait froid, il y a l’air inspiré qui peut créer des inflammations au niveau des alvéoles pulmonaires, mais c’est uniquement par du très grand froid. Mais si on est très bien couvert, ce n’est pas le froid à l’extérieur qui est important. C’est votre température. On a une température du corps qui est autour des 37 degrés. Mais on a très peu d’amplitude autour de cette température pour être dans des températures viables. En dessous de 36,5, ça commence à être compliqué et au-dessus de 38, on est dans un état de fièvre. On a un degré et demi dans lequel le corps se situe bien. Lorsque les températures tombent très fortement, ce n’est pas évident de maintenir cette température pour l’organisme et donc il y a des risques.
Pour les biathlètes, qui font des compétitions à -15 ou à -20, il faut commencer par dire qu’ils sont habitués. L’organisme sait s’adapter à ces conditions donc il y a une question d’adaptation. Il y a aussi une question de très haute puissance. Ils sont à des niveaux qui dégagent énormément de chaleur. Quand vous êtes dans un effort, 80% de l’énergie est transformé en chaleur et 20% en effort mécanique. Ils génèrent donc beaucoup de chaleur et en plus, ils sont assez bien couverts aussi. D’ailleurs, en général, on part rarement courir avec plus de trois couches. Souvent, à trois couches, on a produit technique très près du corps qui va donc maintenir un air chaud très près de la peau. Ensuite, vous pouvez avoir une deuxième couche et ensuite la troisième doit être « zippée » pour pouvoir l’ouvrir et laisser partir la chaleur quand on commence à tourner à un bon rythme et qu’on est en surchauffe. »