Doucouré : « Je ne suis pas foutu »

Après douze années aux côtés de Renaud Longuèvre, l’ex-champion du monde du 110m haies a décidé de changer de coach et de donner une ultime impulsion à sa carrière. A 29 ans, cap sur Columbia et les Etats-Unis, où l’attend le dénommé Sylvanus Hepburn.

Ladji, pourquoi avoir décidé de mettre le cap sur les Etats-Unis ?

Depuis le 8 août, je réfléchissais aux raisons pour lesquelles j’ai pris une telle claque à Londres (demi-finaliste aux JO). Je ne me reconnaissais pas dans ce que j’avais fait. Je réalisais des chronos inférieurs à ceux que je faisais à mes débuts à 17 ans… Peut-être aussi que Renaud (Longuèvre) ne savait plus quoi faire pour me faire courir vite. Il fallait donc que je me prenne en main. Tout mon entourage me disait de penser à moi. Alors j’ai tranché.

Pourquoi avoir décidé de partir aux Etats-Unis ?

Je ne suis pas en guerre avec Renaud (Longuèvre). Il fallait que je change quelque chose au niveau de mon mode de fonctionnement pour que ça avance. C’est un tournant dans ma vie. Au début, j’ai sollicité Jacques Piasenta (ex-coach de Drut, Pérec, Arron,…), sauf qu’il ne voulait pas remettre le pied à l’étrier. Comme c’était soit Piasenta, soit les Etats-Unis, j’ai décidé de me barrer.

Qu’attendez-vous d’un coach aussi réputé que Sylvanus Hepburn, dont le groupe de hurdlers est performant ?

J’attends qu’il me canalise au niveau technique. Que je sois plus régulier sur le franchissement des haies. Et que je redevienne un sprinteur qui cavale. Là-bas, ils courent beaucoup. Ils font course-muscu, course-muscu… J’attends qu’il me remette bien sur pieds car je ne suis pas foutu. Il faut que je me mette en danger pour me surpasser. Et puis ils ont vraiment envie de m’aider.

Vous sentez-vous capable de courir encore sous les 13 secondes ?

Les qualités, tu ne les perds pas. Si je fais ce qu’il faut à l’entraînement, mon physique me permettra de retrouver mes qualités. Il faut juste les restimuler.

Êtes-vous stressé à l’idée de vous exiler ?

Je suis conscient que ça peut très bien marcher. Après, comme je vais me retrouver seul dans un coin que je ne connais pas, loin des tentations pour ne penser qu’à courir, je flippe. Mais je sais ce que je veux. Je n’ai qu’une seule envie : cavaler vite.

Jusqu’à quand ?

J’ai envie de terminer aux JO de Rio. Il me reste donc quatre ans. Il faut que je mange tout et que je participe à toutes les compétitions.

Propos recueillis par G.M.