
Dopage : le Kenya aggrave son cas après un 35e positif depuis 2012 !

Le spectre du dopage plane sur l'ensemble des performances des athlètes kényans. - AFP
En l’espace de trois ans seulement, l’admiration a été gommée d’un trait de crayon par la suspicion. Depuis l’intensification des contrôles antidopage au Kényan, 35 athlètes de la Vallée du Rift sont tombés. Trente-cinq athlètes qui avaient appuyé sur le champignon ces dernières années, notamment sur marathon, alignant les chronos d’exception. Le dernier en date : Joseph Mutinda (vainqueur du marathon de Boston 2014), qui vient d’écoper ce jeudi de trois ans de suspension après avoir avoué s'être dopé à un anabolisant, de l’EPO et d’un diurétique masquant (furosémide), un diurétique masquant.
Un gros poisson de plus, après la marathonienne Rita Jeptoo, trois fois victorieuse à Boston et deux fois à Chicago, et contrôlée positive à l'EPO en septembre dernier. Un nom supplémentaire, surtout, sur une liste qui ne cesse de s’allonger et qui jette un profond discrédit sur l’ensemble des performances établies par les coureurs des hauts plateaux, jusqu’alors loués pour leur courage et leur histoire si singulière.
« Ils veulent gagner de l’argent par tous les moyens possibles… »
« Si le Kenya veut retrouver la confiance, ou au moins atténuer la perte de confiance inévitable qui découle de ces tests, alors il doit immédiatement et sans délai s’ouvrir à un contrôle international indépendant », avait plaidé il y a quelques semaines, Ross Tucker, un scientifique sud-africain spécialisé dans le sport. « La crédiblité du Kenya est en jeu », a reconnu de son côté Barnaba Korir, président de la section de Nairobi de la Fédération kényane d’athlétisme et ancien manager de Jeptoo. « L’information montre qu’un bon nombre d'athlètes ici utilisent des drogues, avait souligné il y a quelques mois Moses Kiptanui, la légende kenyane du 3000m steeple. Ils veulent gagner de l’argent par tous les moyens possibles… Nous avons mis en place des règles. Mais si nous n'appliquons pas ces règles, alors les athlètes utiliseront toujours ces produits dopants. »
L’appât du gain et les lucratifs « money prize » qui permettent de mettre à l’abri plusieurs générations, sont les deux principales raisons qui expliquent cette épidémie de contrôles positifs. Après avoir longtemps fermée les yeux (notamment en raison d’une corruption galopante et d’une lutte de clans entre athlètes), la fédération kenyane semble en tout cas désormais déterminée à faire place nette. Et à couper les têtes. Même les plus couronnées.