
Dopage: l'histoire improbable de Lysenko inventée par les autorités russes
La sanction est tombée ce mercredi. L'ancien patron de la Fédération russe d'athlétisme (Rusaf), Dmitri Chliakhtine, et quatre autres anciens membres de l'instance, ont été suspendus quatre ans dans le cadre de l'affaire Lysenko. Ils ont été condamnés par l'Unité en charge de la lutte contre le dopage dans l'athlétisme (AIU) pour avoir tenté de couvrir en 2018 et 2019 le sauteur en hauteur Danil Lysenko (23 ans), soumis à une enquête antidopage, en fournissant de faux documents et de fausses explications.
En août 2018, à quelques jours des championnats d'Europe à Berlin, Lysenko avait été révoqué par la Fédération internationale (IAAF) des listes d'athlètes neutres autorisés à concourir. En raison de défauts de localisation et parce qu'il ne s'était pas rendu disponible pour des tests antidopage hors-compétition. Comme rapporté par le Sunday Times dès l'été dernier et raconté à nouveau par le New York Times, des responsables de la Fédération russe d'athlétisme ont fabriqué des documents pour aider le vice-champion du monde 2017 et champion du monde en salle en 2018, dans sa défense.
Fausse maladie, fausse clinique
Ils ont notamment essayé de prouver qu'il était trop malade, victime d'une crise d'appendicite, pour fournir sa localisation pour des contrôles inopinés. Une version appuyée par de faux documents provenant d'un faux médecin rattaché à une clinique toute aussi fictive à Moscou. Pour justifier une deuxième absence de son poulain lors d'un contrôle antidopage, la Fédération russe avait été encore plus loin en expliquant qu'il avait été victime d'un accident de voiture... Sauf que la Fédération internationale avait insisté, réclamé des preuves supplémentaires, et les arguments de Lysenko avaient fini par ne plus tenir.
Peu à peu, la supercherie est révélée. "On pourrait rire de cette histoire mais ce n'est absolument pas drôle. Lysenko est autant bénéficiaire du dopage que victime. S'il parle, il est en danger. Il n'a pas donné de noms", a réagi l'ancienne championne d'athlétisme Maryse Éwanjé-Épée ce jeudi dans le Super Moscato Show sur RMC. Cette affaire a valu à la Fédération russe, bannie au niveau international depuis novembre 2015 en raison d'un vaste scandale de dopage institutionnel, le gel de son processus de réintégration. Elle reste sous la menace d'une exclusion de la Fédération internationale et de l'absence de ses athlètes aux prochains Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août 2021).
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