
Dopage : l’étau se resserre autour de l’athlétisme mondial

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Lamine Diack au cœur du scandale
C’est un scandale d’envergure qui secoue actuellement l’athlétisme mondial. Le Sénégalais Lamine Diack, président de l’IAAF entre 1999 et 2015 (remplacé par le Britannique Sebastien Coe en août), a été mis en examen ce lundi à Paris, pour corruption passive et blanchiment aggravé. Il est soupçonné d’avoir couvert des cas de dopage, notamment en Russie, durant son mandat.
Son conseiller juridique, l’avocat Habib Cissé, a été également mis en examen, uniquement pour corruption passive, et le médecin français Gabriel Dollé, en charge de la lutte antidopage à la Fédération jusque fin 2014, est en garde à vue. Les contrôles antidopage de deux ou trois athlètes russes sont pour l’instant au cœur de l’affaire, mais l’enquête, qui a débuté en août à la suite d’un signalement de l’Agence mondial antidopage (AMA) auprès du parquet national financier, devrait s’étendre rapidement, potentiellement à d’autres pays.
Les deux reportages qui ont tout déclenché
Pour rappel, deux reportages de la chaîne allemande ARD, en décembre 2014 puis août 2015, accusaient la Russie de doper massivement ses athlètes et de contrôler les échantillons de sang testés, avec plusieurs témoignages accablants. L’AMA avait en conséquence mis en place une commission pour vérifier scrupuleusement les allégations.
Le reportage du mois d’août affirmait notamment que sur 5 000 athlètes russes testés entre 2001 et 2012, 800 présenteraient des valeurs sanguines « suspectes ou hautement suspectes ». La Fédération russe avait dans la foulée décidé de ne pas envoyer aux Championnats du monde de Pékin (22-30 août) ses athlètes suspectés.
Et après ?
La commission d’enquête de l’Agence mondiale antidopage mise en place en janvier, indépendante et constituée de trois membres, rendra ses conclusions courant novembre. Son but est de déterminer « s'il existe des preuves suffisantes pouvant conduire à des sanctions à l'encontre de personnes ou d'organisations soumises aux règlements du Code mondial antidopage ». Mais les conséquences pourraient être lourdes dans le milieu de l’athlétisme, sachant que plusieurs têtes sont déjà tombées.
Gabriel Dollé, le médecin en garde à vue, avait quitté ses fonctions en décembre après la diffusion du premier reportage. Le fils de Lamine Diack, Pape Massata Diack, chargé de mission marketing au sein de l’IAAF, a lui aussi dû se retirer avec les débuts de l’enquête sur la présumée couverture des cas de dopage en Russie.