
Ewanjé-Epée: ''Lavillenie est de nouveau tout en haut''

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« Ça claque ! On l’attendait au tournant oui et non parce qu’il nous a montré récemment que ça y est, il était de retour et qu’il n’y avait pas péril en la demeure parce qu’il y a eu un petit coup de moins bien à un moment donné. Renaud, c’est un garçon qui saute beaucoup, aussi bien à l’entrainement qu’en compétition. C’est vrai qu’on s’interrogeait à un moment donné en se disant ‘’Aïe, on se rapproche des championnats du monde et il montre un signe de fatigue’’… Franchement, ça n’a pas duré. Revenir à 6,03m, sa deuxième meilleure performance cette saison après les 6,05m du début de saison, c’est plus qu’encourageant : c’est la preuve qu’il est de nouveau tout en haut et que ce sera aux autres de lui mettre la pression.
Ce n’est pas qu’on s’inquiète dès qu’il y a un tout petit trou d’air, c’est qu’on n’avait plus l’habitude, tout simplement. Et là le trou d’air paraissait presque vertigineux puisqu’on a eu 6,05m puis 5,91m, 5,85m puis 5,71m… Ça descendait et ça descendait. Mais ce n’étaient pas seulement les performances qui nous avaient inquiétés mais le fait qu’il se fasse battre alors que c’est garçon qui déteste perdre. Mais ce n’est pas parce qu’il déteste perdre qu’il est invincible. »
« Aucun autre perchiste au monde capable d’aligner les séances qu’il s’envoie »
« La saison de Renaud est quand même assez impressionnante : même s’il n’est pas sorti tant que ça cet été, sur l’ensemble de sa saison depuis le 10 janvier, c’est sa 20e compétition. Je pense qu’il a besoin de ça parce que sinon, c’est trop long d’attendre. On le sait, Renaud est assez exceptionnel, même à l’entrainement : il n’y a aucun autre perchiste au monde capable d’aligner les séances techniques qu’il s’envoie avec des sauts jusqu’à 30, 50 voire 60 répétitions et même plus. Ne pas couper cette espèce de boulimie d’entrainement, cette capacité à s’entrainer en toutes circonstances tout le temps et à remettre en cause sans arrêt son travail, c’est aussi de faire des compétitions. En 2014 il a fait la même chose, il a énormément sauté. Ce n’est pas un garçon qui va choisir quatre compétitions dans l’année comme on a pu le voir pour Usain Bolt. »

« Il y a encore des objectifs et c’est tant mieux : être champion du monde, ça reste un objectif fort, un enjeu aussi important que d’être champion olympique. En tout cas, c’est la même concurrence. C’est vrai qu’il a échoué par deux fois : la première fois il était encore jeune et ce n’était pas lui le favori ; la seconde fois par contre, il l’était très nettement et on a été très étonné de son « échec » même si j’ai horreur de poser ce mot sur une médaille mondiale. Mais là où il est surprenant, c’est que même si son objectif est très clairement le titre mondial, ça ne l’empêche pas de faire une saison pleine, y compris en se faisant plaisir ou en rendant service à son club puisqu’on l’a vu en mai faire un 110m haies et du saut en longueur. Pour tout autre champion de cette envergure, ça semble presque impensable : imaginez le club dire à Usain Bolt ‘’ce serait cool que tu ailles faire un saut en hauteur et un 400m pour nous dépanner’’… Ça paraît totalement impensable. Renaud en est là : il prend du plaisir, rend service où il veut, peut aller donner le coup d’envoi d’un match de rugby… Renaud est comme ça. C’est ce qui le rend incomparable. »