
Ewanjé-Epée : "L’homme à battre n’est pas Gatlin, ça reste Bolt"

Maryse Ewanjé-Epée - AFP
« La victoire et les deux chronos d’Usain Bolt à Londres ? On va modérer un tout petit peu. Sa performance n’est "que", et je mets de gros guillemets, la sixième meilleure performance de l’année. Mais dans la réalité, faire une rentrée après tant d’absence, sous 14°C, par vent défavorable, sur piste mouillée et en réalisant deux fois 9’’87, qui plus est extrêmement relâché avec une impression visuelle fantastique, ça nous fait dire qu’il est de retour. Il est même mieux qu’il ne l’était avant les Jeux Olympiques de Londres donc je ne serais pas étonné qu’il soit sous les 9’’80 aux Mondiaux de Pékin.
Ça reste très impressionnant car il n’a que trois 100 mètres dans les jambes cette saison, dont les deux de vendredi soir. Il en a fait une en 10’’12 à Rio le 19 avril et derrière, c’était terminé. On ne l’a plus vu sur la distance. On l’a sur un 200 mètres en 20’’13 le 26 mai à Ostrava, donc pas du tout convaincant, et encore sur un 200 mètres à New York le 13 juin en 20’’29, donc encore moins bon. Ensuite il a plié les gaules et il est rentré se préparer. Il est notamment allé voir son médecin, Hans Müller-Wohlfart, qui est le même que celui de Jimmy Vicaut et qui s’occupe de tous ses problèmes de dos, de scoliose et de petit déséquilibre car il a une jambe légèrement plus courte que l’autre et que ça commence à tirer un peu. »
« Tout le monde veut sa peau mais il gagne systématiquement tout depuis deux olympiades »
« C’est même d’autant plus impressionnant si tu remontes à l’année dernière. En 2014, Bolt a été absent. Monsieur Bolt n’a couru qu’un seul 100 mètres, le 23 août à Varsovie en 9’’98, et il a plié les gaules. Il a refait un 4x100 et c’était terminé. Depuis 2013, il n’avait quasiment pas couru. Mais quand il sort, c’est qu’il est bien. Il se gère. Ça fait maintenant 10 ans qu’il est au top niveau. Il a 28 ans et 338 jours précisément. Il aura 29 ans un ou deux jours avant la finale du 100 mètres à Pékin. Tout le monde lui court derrière et veut sa peau mais depuis deux olympiades, il gagne systématiquement tout.
Il est assez riche pour ne pas avoir besoin de courir le cachet. C’est quelqu’un qui sait se gérer, comme souvent pour les immenses champions qui ont pour eux l’expérience. Malgré tout, l’homme à battre n’est pas Justin Gatlin (l’Américain auteur de la meilleure performance de l’année en 9’’74 et de quatre chronos sous les 9’’80 cette saison, ndlr). Comme depuis 10 ans, c’est toujours Bolt. C’est celui qui impressionne les autres et il marqué les esprits à Londres. Il a lancé un message à ses adversaires : "Je suis toujours là et c’est moi l’homme à battre, pas vous." »