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Diagana : "Ce serait irresponsable de laisser la Fédération russe polluer les JO"

Stéphane Diagana

Stéphane Diagana - AFP

Le monde de l’athlétisme est sous le choc après les révélations concernant le scandale de corruption qui touche la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et qui vise à étouffer des contrôles antidopage positifs. Toutes les réactions sur RMC Sport.

Stéphane Diagana, ancien champion du monde du 400m haies et consultant RMC Sport

« L’athlétisme russe pose problème depuis pas mal de temps mais on n’imaginait pas que les révélations seraient d’une telle ampleur. On a l’impression de voir à l’œuvre un système qui était celui des années 80-90 dans les pays de l’Est. Le problème qui est révélé là, ce n’est pas le contrôle ou l’analyse antidopage en lui-même mais l’organisation qui permet à des instances de s’arranger entre elles. Cela me paraitrait normal que les athlètes russes soient absent des JO de Rio parce qu’on parle de très graves manquements. Surtout si on peut démontrer une implication au plus haut niveau. Ce serait irresponsable de laisser la Fédération russe polluer encore les Jeux de 2016. »

Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme (FFA) et membre du conseil de l’IAAF

« Il faut absolument prononcer des mesures fortes parce que ce qui se passe est absolument scandaleux. Ça nuit énormément à l’image de notre sport. Il faut donc faire des exemples et des suspensions pour les athlètes, entraîneur, dirigeants, médecins… tous ceux qui ont été cités. Il faut que ce soit des suspensions à vie, ils n’ont plus rien à faire dans notre sport, ils se sont complètement discrédité dans cette affaire. Il faut aller au bout du système, ne pas lâcher. C’est une question de survie de notre sport donc il faut sanctionner durement et faire le ménage pour que ceci ne se répète plus. »

Ghani Yalouz, directeur technique national de l’athlétisme français

« Quand je vois qu’on récupère une médaille de nos athlètes du relais 4x100 de Londres deux, trois ans après, ça fait mal...Il faut se mettre à la place de nos athlètes : ce n’est juste pas normal. C’est dur sur le moment mais ça va servir pour le futur, rendre le sport encore plus propre parce qu’on se doit d’être exemplaire. Je pense qu’on peut réussir sans tricher, sans ces gens véreux qui peuvent vous rendre fragile et influençable. C’est un problème d’organisation et de courage, et je crois que Sebastian Coe a du courage pour combattre tout cela. »

Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports et membre de l’Agence mondiale antidopage

« C’est une très bonne chose que ces révélations éclatent au grand jour car on a tous été choqués. Aujourd’hui, il ne doit pas y avoir d’omerta en matière de lutte antidopage. On le voit avec ces révélations extrêmement graves et qui ne peuvent pas rester sans conséquence. J’ai toute confiance en cette nouvelle gouvernance (de Sebastian Coe) et cette transparence, même si elle est dure. Il est indispensable que nous allions jusqu’au bout de la procédure judiciaire, comme il est indispensable que les partenaires du mouvement sportif prennent leurs responsabilités. »

Patrick Kanner, ministre des Sports

« Mon premier sentiment, c’est de la colère, de l’écœurement. Vraiment, ça suffit ! On voit que ça entache le monde sportif en général. Vraiment ras-le-bol. En même temps, je me dis que c’est sûrement l’occasion de faire le ménage. C’est la fin de l’omerta. »

Jean-Claude Perrin, ancien entraîneur d'athlétisme

« Il ne faut pas penser qu’il ne pleut que sur une moitié de terrain. Donc on ne peut pas cantonner ça qu’à l’athlétisme ou penser que c’est uniquement pour les Russes. Ce serait limitatif. »

Stéphane Caristan, ancien champion d'Europe du 110m haies

« Je sais que des athlètes comme Vicaut ou Diagana, moi-même dans le passé, on a réussi au plus haut niveau sans dopage. J’en suis intimement convaincu donc cela veut dire qu’on doit y croire, que l’on peut y croire et qu’il reste des exceptions qui confirment la règle. Le sport est bien touché. On a vu qu’il y a des affaires un petit peu partout mais il y a quand même des exceptions dans l’athlétisme. Je pense que les noms que j’ai cité et peut-être même Bolt aujourd’hui. Cela serait une mauvaise surprise que d’apprendre qu’il fait partie des athlètes qui ont acheté leur propreté. Mais sincèrement, son histoire plaide en sa faveur. »

Bruno Genevois, président de l'agence française de lutte contre le dopage

« Je ne pensais pas que cela pouvait aller aussi loin avec une implication des autorités étatiques. Il y a une autonomie du mouvement sportif, qu’il revendique et qu’il essaie d’appliquer avec le concours des gouvernements. Mais les gouvernements doivent agir dans le même sens. C’est ainsi que les choses se passent en France et dans la plupart des pays. »