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Mondiaux d’athlé : le Kenya sème un peu plus le trouble

Julius Yego

Julius Yego - AFP

Alors qu’une épidémie de contrôles positifs frappe le Kenya depuis trois ans et que le dopage tend à se généraliser, deux nouvelles athlètes sont tombées ce mercredi à Pékin. Pas de quoi troubler cette nation reine du fond et demi-fond, qui caracole en tête du classement des médailles notamment après deux nouveaux titres mondiaux décrochés sur… 400m haies ce mardi et au javelot ce mercredi.

Journée contrastée pour le Kenya aux Championnats du monde d’athlétisme. Alors que 35 athlètes du pays sont tombés ces trois dernières années pour dopage, que la triche semble être devenue un sport national et que deux coureuses ont été suspendues ce mercredi par l’IAAF en raison d’un contrôle positif, le Kenya caracole en tête du tableau des médailles. Et tant qu’à faire, il doit cette place d’honneur à des disciplines autres que le fond et le demi-fond puisque désormais, ce pays des hauts plateaux se permet de produire des champions du monde sur 400m haies (Nicholas Bett) et plus étonnant encore, au javelot, avec Julius Yego, auteur ce mercredi d’un lancer historique. De quoi alimenter les rumeurs et relancer les suspicions sur une nation dont l’image ne cesse d’être écornée.

Symbole de ce malaise, Nicholas Bett. Lundi, après avoir réalisé le dernier temps de qualifications, le Kenyan a surpris tout son monde en remportant la finale du 400m haies (47’79). Une première pour le Kenya dans cette discipline. La seconde lame a été dégainée ce mercredi, avec Julius Yego qui a décroché l'or au lancer de javelot, en réalisant la troisième meilleure performance mondiale de tous les temps. Dans un pays où la course à pied est la discipline reine, la boule de muscles d’1,75m pour 91kg a réalisé l’exploit d’expédier son javelot à 92,72m. Tout simplement stupéfiant, même si le lanceur ne sort pas de nulle part et s’entraîne en Finlande. Deux performances « atypiques » qui ne vont toutefois pas rassurer les observateurs.

Deux nouvelles contrôlées positives

Histoire de couronner le tout, les athlètes kényanes Koki Manunga et Joyce Zakary ont été suspendues provisoirement par la Fédération internationale d’athlétisme ce mercredi, suite à un contrôle positif. Dans un communiqué, l’IAAF a précisé que les deux athlètes avaient accepté leur suspension provisoire. Respectivement spécialistes du 400m et 400m haies, Joyce Zakary et Koki Manunga ont été contrôlées positives lors de tests « ciblés et menés à l’hôtel des athlètes avant la compétition » a expliqué l’instance internationale.

Une mauvaise nouvelle de plus pour le Kenya qui est dans la tourmente après les révélations de la chaîne allemande ARD et du quotidien britannique The Sunday Times. Les deux médias assurent détenir depuis plusieurs semaines les résultats de tests sanguins de 5 000 athlètes, parmi lesquels 800 seraient jugés « suspects ou hautement suspects » dont 18 kényans. Pour rappel, ils sont donc désormais 37 athlètes kényans à avoir été contrôlés positifs depuis trois ans.

Amselem : "Aujourd’hui, on va douter de toutes les performances du Kenya"

« C’est dommage, c’est désastreux pour l’image de l’athlétisme international, confie Bernard Amsalem, le président de la FFA. Toute suspension entache le pays fautif. C’est clair qu’aujourd’hui, on va douter de toutes les performances du Kenya. Ils sont en tête au classement des médailles, on va se poser des questions. Vous avez des athlètes qui ne s’entrainent pas forcément dans leur pays ou qui s’entrainent avec des entraineurs étrangers, parfois sulfureux. Il y a des enquêtes de police. Je pense qu’il faut aller plus loin que le seul contrôle des Fédérations, il faut travailler aussi avec des services spécialisés de police parce que derrière ça, il y a forcément des mafias car il y a des enjeux financiers ».

GM et OB avec FXC à Pékin