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Mondiaux athlé - 200m: Schippers en excès de vitesse

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Dafne Schippers a surpris tout le monde ce vendredi : la Néerlandaise, issue des épreuves combinées, a décroché l’or sur 200m avec à la clé un nouveau record d’Europe (21’’63) détenu jusqu’alors par les ex-Allemandes de l’Est. Une performance incroyable qui interroge.

C’est un exploit retentissant auquel ont assisté ce vendredi les spectateurs du Nid d’Oiseau à Pékin : Dafne Schippers est devenue championne du monde du 200m devant les Jamaïcaines Elaine Thompson et Veronica Campbell-Brown. Mais c’est surtout pour la Néerlandaise un chrono canon de 21’’63, nouveau record d’Europe et nouveau record des championnats. Sur le papier, l’histoire parait sympa à beaucoup d’égards.

Mais une fois posée la performance, vient le temps des questions. Qui pourrait oublier le contexte dans lequel se tiennent ces Mondiaux, quelques semaines seulement après les révélations du Sunday Times et de la chaîne allemande ARD concernant un très probable dopage de masse dans les fédérations russe et kenyane, des contrôles étouffés par la fédération internationale et des centaines de valeurs suspectes ?

Plus forte que les ex-Allemandes de l’Est

A la base, rappelons que la Néerlandaise de 23 ans est heptathlonienne. Ce n’est que l’an dernier que Schippers s’est « rendue à l’évidence » pour se réorienter vers le sprint. Un pari immédiatement payant puisqu’elle réalisait alors le doublé 100-200m lors des Championnats d’Europe de Zurich.

Et puis, remettons dans le contexte ce nouveau record d’Europe, qui raye des tablettes celui détenu jusqu’alors par deux ex-Allemandes de l’Est, les Wunder Mädchen de triste notoriété, Marita Koch et Heike Dreschler (21’’71). Ah ! la grande histoire des athlètes de l’ex-RDA, leurs stupéfiantes performances, leur prise massive de produits dopants, leur jeunesse troublée, leurs dégénérescences physiques, leur stérilité ! Leurs poubelles bien remplies aussi, comme l’ont révélé plusieurs enquêtes récentes ou documents saisis après la chute du mur de Berlin en 1989.

Derrière Griffith-Joyner et Jones

Mais ne soyons pas mauvaises langues et savourons la performance néerlandaise du jour, la quatrième de tous les temps sur 200m. A Florence Griffith-Joyner les deux premières (21’’34 et 21’’56) et à Marion Jones la troisième (21’’62). La première est morte à l’âge de 38 ans après plusieurs années de métamorphose physique et de « stupéfiantes » performances supersoniques. La seconde n’a pas échappé à la patrouille, reconnaissant finalement avoir remporté cinq médailles olympiques sous stéroïdes. Ce qui lui vaudra un tour par la case prison pour parjure. Un héritage bien lourd à porter pour Schippers.

A.Bo