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Lemaitre décélère enfin

De retour lundi en France, Christophe Lemaitre va pouvoir savourer en famille son extraordinaire épopée coréenne

De retour lundi en France, Christophe Lemaitre va pouvoir savourer en famille son extraordinaire épopée coréenne - -

Révélation des Mondiaux de Daegu après, notamment, sa 3e place sur le 200 m, le Savoyard rentre ce lundi chez lui à Aix-les-Bains se ressourcer en famille, loin de la fièvre médiatique coréenne. La rentrée à la faculté l'attend ensuite, avant une dernière confrontation de gala avec Bolt à Bruxelles (16 sept.)

L’avenir immédiat de Christophe Lemaitre s’écrit en cinq lettres : non plus DAEGU, mais REPOS. Arrivé de Corée du Sud à Roissy à 18h35 avec une partie de la délégation française (Lavillenie, Baala, Mekhissi), le double médaillé mondial a filé direct vers sa Savoie natale. A Aix-les-Bains, le sprinteur va oublier ses huit courses (deux de plus qu’Usain Bolt) en famille. Pendant trois jours il revivra sa fantastique épopée au Pays du Matin calme (bronze sur 200 m, argent sur relais 4x100 m, 4e sur 100 m) auprès de Christian (père), Marie-Thérèse (mère) et Mickaël (frère). Jeudi, il prendra la route pour Annecy où il entamera un DUT d'électrotechnique qu'il effectuera sur 3 ans avec des horaires aménagés, lui permettant de s’entraîner les après-midis. Vendredi, il sera fêté par la ville d’Aix-les-Bains. Samedi, il ira saluer, toujours en petit comité, son premier entraîneur, Jean-Pierre Nehr, qui avait découvert El Maestro en 2005. Fidèle envers les siens, son club ou encore son équipementier, comme le confirme sa prolongation de contrat avec Asics effectuée pendant la semaine coréenne. « Je ne suis pas un mercenaire, je suis loyal. »

Un effet « kiss cool » démontré par le jeune homme de 21 ans à Daegu, apprécié du grand public comme des experts. « Christophe est nature, il rend le sprint humain parce qu’il ressemble à tous les jeunes de son âge », s’enthousiasme Bernard Amsallem, patron de la FFA. « Il ne faut pas qu’il change, affirmait sur le même mode son entraîneur Pierre Carraz, avant la finale du 200 m. C’est un gamin qui n’est pas causeur, mais il est très lucide, et très professionnel. » Amsallem s’émerveille de la capacité d’autogestion du Français lors des grands rendez-vous mondiaux. « Il a une capacité de concentration énorme. » Le boss fédéral avait vu juste en prophétisant deux médailles pour Lemaitre avant les Championnats du monde. Fidèle à son inspiration, Amsallem annonce un Christophe « no limit » à l’avenir car « avec lui tout est possible. » Dès le 16 à Bruxelles, où le Savoyard affrontera une nouvelle fois Usain Bolt, son meilleur ennemi ?

Carraz : « On ne va pas se laisser manger par les médias »

« Il a de la marge », confirme Carraz. Sur 100 m où son coach le voit en 9’’80 (9’’92 actuellement), mais encore plus sur 200 m. « Son 200 n’était pas extra à Daegu », lâche le mentor du coureur, qui parle sans ménagement d’une « course ratée » sur 100 m. « On peut lui faire gagner un ou deux dixième sur 200, parce que c’est certain que jusqu’à Londres, il peut progresser facilement. Après, sa progression sera plus lente, ça se fera à coup de centièmes… » Jugé par le technicien encore tendre pour 2012, Lemaitre devrait atteindre son pic de forme d’ici Rio 2016. Aura-t-on la chance de le voir un jour sur la plus haute marche d’un podium mondial ou olympique ? « Tant qu’il y aura Bolt, jamais, rectifie Carraz, ce monsieur a tellement de classe, et Gay ce n’est pas mal non plus. Ensuite, on peut discuter… » En attendant, la star de l’athlétisme français va se mettre au vert. « On ne va pas se laisser manger (par les médias). On va lui foutre la paix le plus longtemps possible, il en a besoin », conclut Carraz.