
Ce qu’il faut retenir de l’audition de Calvin devant le Conseil d’Etat

Clémence Calvin - AFP
Petit rappel des faits pour commencer. La vice-championne d’Europe du marathon Clémence Calvin, est suspendue à titre provisoire par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour "soustraction au prélèvement d’un échantillon." Pour l'athlète de 28 ans, tout s'est arrêté le 27 mars à Marrakech. Elle est accusée de s'être, ce jour-là, soustraite à un contrôle antidopage mené par des agents de l'AFLD, partis spécialement au Maroc pour elle.
Son mari et entraîneur, le coureur de demi-fond Samir Dahmani, se voit reprocher d'avoir fait obstruction aux trois contrôleurs assermentés. Cette sanction prive pour l’instant la marathonienne de sa participation au marathon de Paris ce dimanche. En faisant appel au Conseil d’Etat, elle espère que sa suspension sera levée et ainsi pouvoir courir dans les rues de la capitale. C’est ce vendredi qu’elle a été auditionnée pendant un peu plus d’une heure, accompagnée par trois avocats.
L'absence de procédure
La première question posée traitait de l’absence de procédure contradictoire avant de notifier à Clémence Calvin sa suspension. Prévue par la loi, elle n’est pas obligatoire dans certaines circonstances. Le président a notamment voulu savoir pourquoi cette procédure n’avait pas été réalisée entre le 27 mars, jour de la tentative de contrôle, et le 9 avril, jour de la notification. L’AFLD a expliqué qu’il était compliqué de localiser précisément Clémence Calvin avant. La défense a expliqué que les reproches auraient pu être présentés par email, celui de Clémence Calvin étant présent dans le logiciel Adams. L’AFLD a précisé que l’athlète s’était géo-localisée à 13 endroits différents en moins de 15 jours. Dont une fois à Ouarzazate, à 4h de route de Marrakech.
Le contexte du contrôle
Là encore les deux explications sont totalement différentes. Calvin continue de parler de violence et du fait que les contrôleurs se sont présentés comme étant la "gendarmerie française". L’AFLD continue de le contester. Dans sa défense, Calvin et ses conseillers ont apporté au dossier quelques éléments: des témoignages de voisins qui attestent que des gens se sont présentés comme "gendarmerie française" dans le quartier, une facture de pharmacie (pour soigner l’enfant qui serait tombé) et un certificat médical réalisé par un médecin au sujet des ecchymoses de l’enfant.
La défense a également rappelé (avec des articles de presse au dossier) les antécédents de Damien Ressiot, directeur du département des contrôles de l’AFLD également présent au Maroc, qui s’était déjà fait passer pour un journaliste en essayant de localiser un athlète. La procédure avait été rendue caduque et n’avait pas pu aboutir. Clémence Calvin et ses conseils ont précisé qu’elle n’avait jamais fait l’objet de contrôle dit "en tous lieux" de la part de l’AFLD. Ce qui peut expliquer qu’elle n’ait pas compris ce qui lui arrivait dans cette rue de Marrakech.
Le SMS au logeur
Pour convaincre que l’équipe envoyée au Maroc par l’AFLD aurait pu se faire passer pour la "gendarmerie nationale", la défense présente un texto envoyé au logeur de Clémence Calvin quelques jours après le contrôle et révélé ce vendredi par L'Equipe. "Je travaille pour l’AFLD en collaboration avec la gendarmerie. Vous faites l’objet d’une enquête de notre part, je vous conseille dans votre intérêt de me rappeler très vite."
La localisation
Pour expliquer les difficultés de ce contrôle et l’obligation de la notification dans une rue, l’AFLD a indiqué que l’adresse mentionnée dans le logiciel Adams n’était pas la bonne. Clémence Calvin explique qu’elle s’est localisée grâce à Google Maps pour connaitre l’adresse car elle ne parvenait pas à trouver son adresse exacte. Mais que c’était de toute façon dans le même quartier. Toutes les parties semblent alors d’accord pour dire qu’il est compliqué au Maroc de connaitre une adresse précise. L’AFLD précise tout de même que l'athlète a changé 13 fois de localisation en moins de 15 jours.
Décision avant le marathon de Paris
En conclusion les défenseurs de Calvin expliquent que cette suspension empêche leur cliente de réaliser son activité professionnelle et qu’elle a des conséquences sur sa vie personnelle. La décision sera rendue très rapidement, avant le marathon de Paris de dimanche.