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Athlétisme: les Bleus visent entre 3 et 5 médailles aux championnats d'Europe en salle

Les championnats d’Europe en salle d’athlétisme débutent ce jeudi 4 mars à Torun, en Pologne. L’équipe de France, emmenée par ses deux stars Kevin Mayer et Renaud Lavillenie, doit revenir à Paris avec un bilan situé entre 3 et 5 médailles. C’est en tout cas l’objectif du président de la Fédération, André Giraud.

Malgré les heures d’attente dans le 'testing room' de l’arena de Torun, en Pologne, malgré les tests au COVID 19 à répétition et à l’orée d’une morne routine hôtel – stade, les Bleus ont le sourire jusqu’aux oreilles! Les championnats d’Europe de Torun sont l’occasion pour les athlètes d’enfin reporter le maillot de l’équipe de France, un an et demi après les Mondiaux de Doha. Et surtout l’occasion de prouver que le bilan famélique de deux médailles et six finalistes était une erreur de parcours. André Giraud, le président de la Fédération d’Athlétisme, veut voir son équipe remporter entre trois et cinq médailles. "Nous avons six athlètes sur le podium des bilans européens aujourd’hui. Comme on dit souvient, on prend ce chiffre, on le divise par deux, plus un. On arrive à quatre médailles. L’objectif sera donc une fourchette entre trois et cinq".

Kevin Mayer pour l’or, et pour le record du monde ?

Parmi les prétendants à la 'boîte', Kevin Mayer arrive en tête de gondole évidemment. Le recordman du monde du décathlon débarque en pleine forme en Pologne, et semble seul au monde avant d’attaquer les sept travaux de l’heptathlon. "Je retrouve mon body de jeune homme (rires) ! J’ai des sensations incroyables en ce moment, j’ai hâte de voir ce que ça va donner ce week-end !". Le combinard, recordman d’Europe (6479 pts) de l’heptathlon depuis son titre continental à Belgrade 2017, pourrait s’attaquer au record du monde de l’Américain Ashton Eaton (6645 pts). "J’ai le potentiel mais il faut optimiser les résultats et réussir à enchaîner les sept épreuves". Enfin débarrassé des pépins à répétition des derniers mois, Kevin Mayer a même perdu 4 kilos depuis décembre dernier et est affûté pour remporter un nouveau titre de champion d’Europe.

Duel en orbite entre Renaud Lavillenie et Armand Duplantis

Le concours du saut à la perche sera passionnant à Torun. Le favori reste le recordman du monde (qu’il a battu à Torun d’ailleurs) suédois Armand Duplantis. A 21 ans, il est au sommet de son art et possède la meilleure marque mondiale de la saison avec 6m10. Mais face à lui, le 'papy volant' Renaud Lavillenie retrouve ses plus belles jambes. 6m02 à Tourcoing le 31 janvier, 6m06 à Clermont Ferrand le weekend dernier, AirLavillenie redécolle très fort. Il n’était plus monté si haut depuis 2014, année de son record du monde, et revient de loin, après son élimination en qualification des derniers Mondiaux. Le duel tant attendu sera en plus pimenté par deux autres tricolores, Valentin Lavillenie, tout frais champion de France en salle, et Ethan Cormont, 20 ans à peine. Les deux hommes, 5m80, le weekend dernier rêve d’une première médaille européenne. La lutte sera intense malgré tout avec le Néerlandais Menno Vloon, record personnel porté à 5m96 à Clermont-Ferrand.

Le demi-fond en ébullition : La crinière blonde de Gressier, la classe de Bedrani, la folie de Bosse…

Le demi-fond français masculin fait le plein à Torun. Du 800 au 3000m, neuf tricolores vont s’élancer et quatre d’entre eux peuvent légitimement rêver d’une médaille. En premier lieu, Jimmy Gressier, deuxième meilleur chrono au bilan européen sur 3000m. Le quintuple champion d’Europe espoirs progresse sans arrêt depuis de longs mois, et pourrait accrocher un premier podium chez les seniors après trois sélections de découverte chez les grands. A ses côtés, Djilali Bedrani, 5eme des derniers mondiaux sur 3000m steeple, a travaillé se vitesse depuis Doha. Champion de France à Miramas du 3000m, le Toulousain a faim de médaille. Sur 800m, le champion du Monde 2017 Pierre-Ambroise Bosse avait un peu disparu des radars. Mais avec un chrono de 1’45’’95, il revient fort sur le devant de la scène, lui qui n’avait que très peu couru en salle depuis le début de sa carrière. Benjamin Robert, aussi sur 800m, présente le 9ème bilan continental de l’hiver, et pourra compter sur son finish dévastateur pour espérer une belle place en finale.

D’autres français en haut du top européen

Sans Pascal Martinot-Lagarde, blessé, sans le récent recordman du monde américain Grant Holloway, le Guadeloupéen Wilhem Belocian est le meilleur hurdler du monde en ce moment. Deuxième meilleur performeur mondial avec 7’’45, Belocian est le favori pour décrocher l’or sur 60m haies. Au triple saut, Melvin Raffin arrive à maturité du haut de ses 22 ans. Elève de Teddy Tamgho et compagnon d’entraînement du recordman du monde burkinabé Hughes-Fabrice Zango, le Bordelais est le deuxième meilleur sauteur de la saison et postule à une place sur la boîte. Tout comme Thomas Jordier, expérimenté avec ses 19 sélections sous le maillot bleu, souvent cantonné à son rôle de relayeur. Auteur d’un chrono canon sur 400m à Miramas pour les Championnats de France en 46’’13, il a la troisième marque continentale de l’hiver.

"Préparer les Jeux olympiques de Tokyo"

Quelques belles surprises pourraient aussi arriver (Samba-Mayéla ou Bapté sur le 60m haies féminin, voire Fall sur le 60m masculin), mais les autres Bleus auront plus de mal à accrocher une médaille. L’inquiétude se situe aussi sur le nombre de femme dans cette équipe de France. Elles ne sont que sept, aux côtés des 19 hommes. Sans Mélina Robert-Michon ou Alexandra Tavernier (pas de lancers longs en salle), aucune tête d’affiche féminine ne ressort vraiment. Mais le président André Giraud ne s’alarme pas. "Il y a la jeune génération qui arrive, les Cynthia Leduc, Rougui Diallo par exemple, mais elles ont manqué les minima européens pour quelques centièmes ou centimètres. On compte sur elle pour Tokyo et Paris 2024 évidemment". Et si elles ne sont pas qualifié, c’est que le directeur de la Très Haute Performance Florian Rousseau n’a pas transigé sur le niveau d’exigence. "C’est une situation assumée, cohérente. Avec les JO de Tokyo dans peu de temps, on ne veut que du très haut niveau".

Aurélien Tiercin